Le Lys dans la vallée par ngc111
Simple histoire d'amour, de non-dits, de retenues et de sacrifices, Le Lys dans la vallée propose pourtant une approche psychologique et morale intéressante à ce simili adultère qui a le don d'agacer entre deux émerveillements.
Bien entendu la plume de Balzac fait merveille par instant, malheureusement masquée par le style conféré à la correspondance de Félix, volontairement choisi par l'auteur pour être excessif, presque baroque dans la profusion et l'exagération de ses sentiments ; pour autant difficile de ne pas regretter justement ce "cache génie" qui nous empêche de profiter du vrai talent. Soyons justes, lire Félix n'est pas un supplice, mais l'on sent trop souvent qu'il en fait trop, qu'il gâte son ressenti derrière une abondance de mots et un romantisme tendant à la mièvrerie, nous faisant apprécier avec d'autant plus de plaisir les rares réponses de ses conquêtes féminines.
D'ailleurs le choix d'une narration épistolaire ne se justifie pas vraiment, ne sert pas le récit, son utilité étant remise en cause par la pénurie de réponses incluses dans le roman et par le manque d'interaction avec la supposé lectrice (Nathalie).
Hormis ces considérations sur la forme, on pourra aussi trouver des longueurs à une œuvre pourtant peu conséquente mais qui ne se renouvelle pas énormément sur les thèmes évoqués (le caractère du mari, le supplice de Félix, la santé des enfants).
Ceci est d'autant plus regrettable que la profondeur du propos est absolument remarquable, avec de multiples facettes accordées aux personnages. Il suffit de voir que la pieuse et tendre Henriette peut se montrer vindicative, réaliste dans les conseils prodigués à son officieux troisième enfant pour aborder le monde parisien.
Ce n'est pas pour rien que Balzac à placé cette œuvre au sein de sa Comédie humaine, dans laquelle il cherche à allier philosophie et étude des mœurs. Les considérations morales, religieuses voir politiques permettent d'établir un vrai schéma d'étude du comportement humain. Le don de soi, le besoin primitif, le sentiment maternel s'y côtoient avec parfois des heurts et des affrontements et donnent une épaisseur aux personnages principaux que l'on aurait peut-être aimé voir chez d'autres (Lady Dudley, les enfants).
Il reste du Lys dans la vallée un propos plus intéressant qu'il n'y paraissait au départ, une vraie recherche psychologique de la part de Balzac, qui souffre toutefois de ses choix de narration et de style, qui provoquent des baisses de rythme et un ennui parfois très proche.