Je me rends compte petit à petit que Thomas Hardy est bel et bien mon auteur préféré. Et pourtant c'est dur de faire un choix, d'en mettre un au dessus des autres...
Et que dire alors de ma Jane, de ma Virginia... Quelle trahison de penser ainsi !
Mais voilà... Thomas Hardy...
C'est le septième roman que je lis de lui sur treize.
Je déteste ce chiffre sept (oui je suis bêtement et le mot est faible superstitieuse avec les chiffres, allez savoir pourquoi !) mais "Le Maire de Casterbridge" a été un pur bonheur de lecture.
Et c'est rare un tel pur bonheur même lorsque l'on apprécie un roman.
Je prends particulièrement mon temps pour lire Hardy car je me rappelle du traumatisme d'avoir lu, dévoré même, tous les Jane Austen, trop vite et quand j'ai eu fini toute son oeuvre; je me suis sentie si démunie ! Je ne veux pas revivre cela, pour rien au monde.
Alors je prends mon temps.
C'est drôle, le dernier que j'ai lu de Hardy; je l'ai lu en même temps que l'album "How Big How Blue How Beautiful" de Florence and the Machine à sa sortie ... Un cocon merveilleux de ma chanteuse préférée et de mon écrivain favori ...
Et voilà que sans faire attention, cela recommence ! Je lis un roman et là sort un nouvel album de Florence.
"High as Hope" + "Le Maire de Casterbridge" ... Je crois que c'est comme si je me lovais dans un coin de paradis.
Thomas Hardy ne ménage jamais ses personnages. Souvent ses personnages féminins sont terriblement frustrants pour le lecteur. Souvent aussi,en lisant ses livres, l'impuissance du lecteur face aux destins de ses protagonistes, produit un effet aussi terrible qu'addictif.
Ici, pour la première fois, je trouve, Hardy dépeint des personnages bourrés de faiblesses mais qu'on ne peut s'empêcher d'aimer. Ou alors c'est moi qui m'assagis mais je n'ai jamais pu ressentir de compassion pour Jude, encore moins pour Sue, Arabella, Grace, Elfride, Tess...
En revanche de la tendresse pour Gilles des "Forestiers" et pour les personnages de "Loin de la foule déchaînée."
J'ai toujours admiré sa façon qu'il avait de dépeindre la nature humaine, sa psychologie, son âme avec une justesse parfaite; mais ses personnages me rendaient folle de rage et de frustration. Avec "Le Maire de Casterbridge", je retrouve les sensations éprouvées à la lecture de "Loin de la foule déchaînée" mais en décuplé ! Un attachement profond pour chacune des âmes qui peuplent ce roman.
L'intrigue est longue à se mettre en place (comme souvent chez lui), tout s'accélère à la fin de façon à prendre le coeur et les tripes en otage. Les personnages ont beau se livrer à des actions violentes, cruelles à cause de la jalousie, de l'orgueil; il n'y a pas de place pour le jugement ici. On comprend, on souffre avec eux. C'est une véritable catharsis.On tremble, on pleure (ou du moins je pleure) pour Henchard, Farfrae, Lucetta et surtout, surtout pour Elizabeth Jane.
Quel beau portrait de femme ! Chose rare chez Hardy.
Une héroïne de littérature, comme il y en a peu; à la fois singulière et universelle et surtout intemporelle. Cela faisait longtemps que je n'avais pas senti autant de connivence avec un personnage comme celui d'Elizabeth Jane.
Une chose est sûre, elle restera gravée en moi à jamais.
J'ai hâte de lire le huitième mais pas encore, pas encore.
Les notes de Florence prolongeront tout l'été mes sentiments pour ce magnifique "Maire de Casterbridge".