Après la semi-déception qu'avais été le tome 1 de la trilogie L'Autre, je me demandais comment j'allais réagir à la lecture du second. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est dur de faire un choix clair et net. En effet, pour la première fois, Pierre Bottero régresse sur certains points. Heureusement il s'améliore sur de nombreux éléments, mais quelques points de vues étaient mieux maitrisés dans le tome 1 et sont malheureusement mis de côté pour ce second volet.
Lesquels me direz vous ? Et bien la poésie de l'amour. La force du lien entre Nathan et Shaé est ici posé simplement alors que dans le tome 1 il était expliqué, exploité, puisement mis en poésie. Ici on tombe d'avantage face à un amour à la Disney, je regrette nettement cela. Trop parfait pour être vrais, pas assez beau, pas assez poétique. Etait-ce la crainte d'être redondant avec le premier tome qui a poussé Bottero à changer sa façon d'en parler ? On peut se demander.
Le second point qui est moins bien maitrisé que par le passé dans cette relation est le manque total d'empathie. En effet, si nous sommes rapidement dans les pensés de Nathan, celles-ci manquent de cohérence et on peut le regretter. Pour Shaé, c'est horrible. Dans le premier tome, sa haine du contacte physique était expliquée, dévoilée. Là, elle est simplement posé, sans aucune autre forme de procès. De plus nous passons d'une haine du physique en général à un rejet du contact avec Nathan, son cher amoureux. Paradoxale, n'est il pas ? Là encore une grosse déception pour ma part.
Nathan perd également en efficacité, en puissance, en intérêt presque. Il reste touchant, complet, héroïque, mais dans le même temps, son utilité ne fait que faiblir. Il devient presque un personnage secondaire de sa propre histoire. Dans le tome 1, il y avait une vrai complémentarité entre les deux héros, ici, Nathan semble d'avantage être une sorte de petite aide pour Shaé plus qu'autre chose. Là encore un regret pour moi.
Mais je vous rassure, ce ne sont pas les seuls défauts de cette histoire, car croyez-moi, ils sont encore nombreux !
Comme pour le tome 1, les personnages secondaires ne sont pas assez développés. Je pense bien entendu à Anton et Enola, ces deux personnages qui auraient put ajouter tant de puissance à cette œuvre. Ils auraient pu rendre le travail de l'auteur moins manichéen. Malheureusement, cela restera un doux rêve tant la jeune Enola n'est qu'une caricature de méchante traitresse. Dans la même idée, même si il est plus présent Barthélémy ne met pas assez en avant les doutes et les nuances qui auraient pu permettre au lecteur de comprendre la complexité de la situation.
Sinon, je sais que Bottero est fan de Star Wars, mais là, faut vraiment arrêter de voir la prélogie ... En gros, Shaé hésite à rejoindre le côté obscure de la force pour obtenir des plus grands pouvoirs. Et savoir que le remède contre l'horrible pouvoir des Siths (ou de L'Autre, c'est pareil de toute façon) est détenu par des dauphins ... C'est un peu le brainfuck total à ce moment. Ce n'est pas nouveau que Pierre Bottero est amoureux de la faune et de la flore, qu'il aime souligner les incroyables beautés que les animaux de notre monde ont. C'est vrais qu'avec Ewilan, il avait été obligé de se tenir loin de nos bestioles réalistes, mais bon ...
D'ailleurs, Shaé que je trouvais plutôt intéressante et plaisante dans le premier tome, là m'énerve totalement. Je n'arrivais pas à me rappeler au début du tome 1 pourquoi Shaé ne me plaisait pas dans mes souvenirs. C'était simplement la réminiscence du tome 2. Agaçante au possible.
Ha, et je me permet de spoiler un peu la fin. La victoire grâce "aux liens du cœurs"... Comment dire ? On a atteint le niveau 100 du bisounours level là ...
Mais n'allez pas croire que Bottero nous a offert un tome nul. Loin de là. En effet, par rapport à tout ce qu'il a écrit au préalable, on trouve une grande complexité ici.
En effet, le rythme narratif est juste parfaitement ajusté, on suit les situation différentes (combat, embrouille de cœur, tentation, réconfort, explication sur le background, etc ...) sans s'ennuyer à aucun moment. C'est fluide et passionnant en même temps, un vrais délice. L'idée de mettre en place la notion de trahison est aussi une belle idée de Pierre Bottero, qui n'hésite pas à mettre le poison de la jalousie dans le cœur de son lectorat. Enfaite, Pierre Bottero met en place de nombreuses thématiques qui lui sont chères : le pardon, la non-violence, la faiblesse des normes sociales, l'amour, la sincérité. Le message derrière c'est "même à vos pires ennemis, on peut demander pardon". C'est très intéressant de voir ce message se développer en arrière-plan. A la fois apaisante et délicieux, l'Autre tome 2 se dévore notamment grâce à ça.
Pour le reste, Bottero continue à manier un style efficace, moins poétique qu'au préalable, mais toujours très beau. Et dans le même temps, il amène une véritable complexité à l'histoire tout en donnant de la qualité à différents personnages (Rafi, Onjü, Gino), à la différence de ceux cité au préalable. Et même si Nathan et Shaé forment un duo moins romantique et beaux que dans le premier tome, si leurs problèmes pourraient être plus développés, on ne peut enlever le charme qu'ils ont et le plaisir qu'on a les retrouver.
Le scénario de ce tome permet de pallier les baisses de niveaux vis à vis du traitement des personnages. Comme si il avait été conscient que dans le précédent tome, c'était l'inverse, Pierre Bottero essaie de réajuster la machine. On peut être impatient de voir le tome 3 qui devrait arriver à lier les qualités des deux premiers. Malheureusement, avec le recul, on sait que c'est plutôt l'inverse. Je garde donc dans le cœur le fait que L'Autre aurait pu offrir quelque chose de bien meilleurs. Quel dommage.