Le marathon d'Honolulu écorne l'imagerie hawaïenne chère aux Beach boys.Cûlotté et salvateur.

On connaît Hunter S Thompson grâce au film Las Vegas Parano où un certain Johnny Depp l'incarnaît à l'écran.Ne voulant pas rester sur la connaissance de ce seul film, je voulais lire un livre de l'initiateur du Gonzo journalisme ( qui mélange investigation, récit et substances dures et illicites sans oublier l'alcool en grande quantité!).Sacrée discipline en effet.
Si vous n'aimez pas les livres où l'écrivain se met en scène, passez votre chemin. Dans cet opus comme dans les autres,Thompson mélange donc sa vie intîme, l'objet de son reportage (un marathon à Honolulu) et quelques rajouts dont il faut estimer la présence ( ici, ce sont des récits de voyage du Capitaine Cook à Hawaï, à mettre en perspective avec le Hawaï moderne. C'est instructif et savamment choisi par ce Monsieur subversif).
Au niveau du contenu, ce livre a été écrit en 1981. Or ce marqueur temporel ne prend pas de place car Thompson a visé une radiographie des moeurs hawaiennes ( où les habitants de l'île sont encore trés croyants, avec une mythologie païenne exacerbée. Je ne vous en dis pas plus).Il faut également garder à l'esprit que pour cet écrivain, le reportage est un MOYEN pour vivre les péripéties les plus dingues et inattendues. Je vois Thompson comme un homme bouffeur de vie jusqu'au paroxysme.
Au début de la critique, je parlais des drogues et de l'alcool, véritables addictions pour cet homme qui ne s'est jamais voilé la face. Au gré de ses périples, vous découvrirez (ou pas) ses contacts avec des dealers, ses achats inconsidérés de whisky et ses mauvais trips. J'estime que Thompson est honnête dans cette démarche puisqu'il ne fait jamais l'apologie de la drogue ou de l'alcool mais la présente comme un carburant indispensable à son existence. Nuance.
Qu'apporte ce livre? Thompson a toujours un jugement incisif et sans concessions sur son prochain. Il en ressort une carte postale délavée de Hawaï où le gonzo journaliste prend un malin plaisir à rayer le vernis de cette île pourrie par l'immobilier, le tourisme de masse et les magouilles. C'est du pain béni pour Thompson. Si j'ai à conseiller une oeuvre complémentaire au Marathon d'Honolulu, c'est The Descendants avec George Clooney où le microcosme hawaïen est aussi mis à mal.
Pour finir, l'approche d'une oeuvre de Thompson doit être précédée d'une certaine curiosité car son univers est déjanté, équivoque. Ce qui me plaît, c'est qu'il ne cherche jamais l'adhésion du lecteur à son mode de vie tout en prouvant qu'il est outrancier et irresponsable.
Locke
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres 2012-2013

Créée

le 5 déc. 2012

Critique lue 520 fois

2 j'aime

1 commentaire

Locke

Écrit par

Critique lue 520 fois

2
1

D'autres avis sur Le marathon d'Honolulu

Le marathon d'Honolulu
adrock
5

Hunter Thompson en bout de course

J'ai découvert Thompson avec l'excellentissime Las Vegas Parano. Après avoir enchaîné sur un Rhum Express moins bon mais tout de même intéressant, j'ai décidé de m'attaquer à ce Marathon d'Honolulu...

le 25 avr. 2017

Le marathon d'Honolulu
Nonivuniconnu
7

"Je suis Lono !"

En 2012, les éditions Tristram ont eu la bonne idée de publier un récit de Hunter S. Thompson jamais sorti en français auparavant. Le Marathon d’Honolulu, The Curse of Lono dans sa version originale,...

le 11 janv. 2014

Le marathon d'Honolulu
EncoreDuNoirYan
4

Critique de Le marathon d'Honolulu par EncoreDuNoirYan

C’est avec un inédit de Hunter S. Thompson que l’on découvre la collection de poche des éditions Tristram. On peut sans doute faire bien pire en la matière, d’autant plus que Thompson est bien...

le 8 déc. 2012

Du même critique

Un homme parmi les loups
Locke
9

Danse avec les loups

Ce film sur l'environnement arctique et son écosystème est d'une beauté renversante. L'odyssée personnel de Tyler qui enquête sur les habitudes alimentaires des loups deviendrait presque secondaire...

le 25 déc. 2013

15 j'aime

1

Möbius
Locke
7

Moebius: habile mélange d'espionnage et de comédie sentimentale.A vous de juger!

Trés peu de films d'espionnage osent aborder la vie privée et les sentiments des agents secrets, de leurs sources, ou autres infiltrés. La grande raison, selon moi, c'est parce que c'est aller droit...

le 27 févr. 2013

9 j'aime

6

Mon âme par toi guérie
Locke
6

Vis,ose et deviens ce que tu souhaites

Au début du film, ce grand cabossé de Frédi (Grégory Gadebois encore remarquable) a du mal à accepter son don de guérisseur transmis par sa maman décédée.Je trouvais ce postulat de départ un peu...

le 6 oct. 2013

7 j'aime