Un livre glaçant. Une utopie qui fait froid dans le dos. Ce n’est pas tant la vision du futur qui est intéressante ici (et au final peu exploitée) mais bien celle de notre société dans ce futur. On y retrouve trois chevaux de bataille : la peur de l’eugénisme (pour nous français, ça peut paraître extrême, mais il faut savoir que nous avons été pratiquement le seul pays occidental épargné par ce mouvement au début du siècle alors qu’il était extrêmement puissant en Angleterre et surtout aux US (merci Larmarck et notre chauvinisme de nous avoir épargnés ça), la société de consommation (chose toujours d’actualité et même amplifié de nos jours, on s’y retrouverait presque), et bien sûr la quête du bonheur (éternel objectif).
Globalement, le livre est plutôt prenant et très intéressant. Si la deuxième partie (celle dans la réserve) est un peu en-dessous des autres ; la première est purement géniale dans la façon de mettre en place le contexte (avec un eugénisme poussé à l’extrême à tous les niveaux) et d’introduire les personnages (contrairement à d’autres romans du genre, ici ce sont bien TOUS les personnages qui sont concernés par le « formatage »). La dernière partie est intéressante pour deux raisons : non seulement elle montre la puissance du conditionnement mis en place dans cette société, mais elle permet également de confronter notre propre société à ce conditionnement. Enfin, le final est des plus fatalistes, un peu à la manière de 1984 : moins dramatique peut-être, mais tout aussi sans issue.
Globalement j’ai bien aimé. Un peu moins que l’œuvre de George Orwells, à laquelle on la compare souvent. Néanmoins, elle aborde plus un aspect biologique et la société mise en place est, en un sens, beaucoup plus terrifiante que celle de Big Brother.