Dès les premières lignes, on comprend que la balle qui a frappé Marie lui sera fatale. Elle voudrait ne pas y croire car il lui faut retrouver Steph, à vingt minutes de marche, un peu plus loin dans une ville dévastée, vidée de ses habitants. Les seuls qui trouveront Marie, allongée au bord de la route, sauront-ils l'aider ? Quel réconfort pourront-ils encore lui apporter ? Quels mots entendra-t-elle ? Ce roman - un récit, comme le présente Andrée Chedid - est celui de la violence irraisonnée, aveugle, destructrice que le Liban a subie dans les années quatre-vingt et dont on sait qu'il ne s'est pas vraiment remis. L'amour, la fidélité, le passage du temps, la mort sont abordés de façon pointilliste avec sensibilité ; les phrases sont brèves. De court chapitre en court chapitre, on saute tout en tension d'un lieu à un autre et, par quelques rapides retours en arrière, on saisit le parcours de vies meurtries mais densément vécues.
Un très court roman ; poignant.