Instantanés de la fin des années cinquante dans les marges de la société new-yorkaise.

Né dans un coin perdu du Missouri, orphelin précoce élevé par ses grands-parents, lecteur avide de littérature dès son plus jeune âge, impatient de découvrir le monde, Charles Stevenson Wright (1932-2008) partait en stop toutes les semaines, dès quatorze ans, pour passer le week-end à Kansas City ou St-Louis. Le narrateur du «Messager», au parcours très proche de celui de l’auteur, débarqué à Manhattan à la fin des années cinquante, travaille comme coursier au Rockefeller Center pendant la journée et passe ses nuits dans les bas-fonds et dans un monde intellectuel interlope, en faisant des passes quand il est à court d’argent.


Par ces nuits de printemps, je traîne sur le perron, devant la porte de mon immeuble. Ces putains et voleurs de gitans, mes plus proches voisins, font comme moi. Leur clientèle est exclusivement masculine. Avec sa figure ocre, ses anneaux d’oreille d’or, la bourse brodée de perles qui se balance sur sa hanche et sa large jupe de soie, la Mamma a grande allure. Elle est assise sur son trône, la marche du haut. L’autre jour, elle est allée en prison et a eu les honneurs du Daily News. Elle avait truandé un flic en civil et, coincée, avait essayé de l’acheter avec dix dollars. Les gosses des gitans eux aussi rôdent dans la rue. La gamine a cinq ans, le garçon six. Ils vendent des fleurs en papier. Un pigeon qui se balade avec une fille donne dix cents au gosse et lui dit de garder la fleur. Il prend le bras de la fille et ils s’en vont en riant, tout fiers d’explorer les bas-fonds. Le gosse au doux visage me regarde et marmonne entre ses dents : «Pauvres cons».


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MarianneL
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le 4 janv. 2014

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