Quasi inconnu en France, Ulf Peter Hallberg, 71 ans, dit dans sa postface du Messager du Nord sa fascination pour l'illustre écrivain de son pays, August Strindberg, auquel son livre précédent était d'ailleurs consacré (L'ombre de Strindberg dans le Paris du Nord), premier volet d'un projet de triptyque. Voici donc le deuxième, dans une traduction parue chez Gallimard, et qui élargit la focale autour de l'auteur suédois, en prenant en compte la vie culturelle de Copenhague, entre 1887 et 1889, à une époque où la capitale danoise se rêvait comme le Paris du Nord. Œuvre de fiction très documentée, Le messager du Nord décrit l'effervescence d'une ville et le séjour du "névrosé' Strindberg, imprévisible, misogyne et génial, dont la pensée épouse alors, peu ou prou, celle de Nietzsche. C'est sous forme de chronique, tragi-comique, que Hallberg nous conte ses faits et gestes, à une période où il écrit Mademoiselle Julie, entouré d'une foule de personnages, certains réels et d'autres non. Au départ, on est un peu déstabilisé par la forme du livre et ses nombreux protagonistes, avant d'en apprécier la suave dérision, teintée de tendresse pour cet écrivain hors normes dans une époque existentialiste avant la lettre, celle également d'une remise en question des modèles sociaux, à commencer par celui du mariage.

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