Pourquoi ai-je aimé Le monde du bout du monde ? Parce que ce roman est empli de simplicité, de nostalgie, parce qu'il nous fait voyager, parce qu'on découvre la Patagonie chilienne, ce rude monde du bout du monde qui a forgé des hommes entiers, notamment ces baleiniers rencontrés par le narrateur dans sa jeunesse. Parce que ce roman est profondément imprégné d'humanisme, parce qu'il évoque le pillage en règle des ressources d'un pays en développement, parce que, surtout, il est pétri de la conscience de la nécessité de défendre notre environnement face à la folie dévastatrice des intérêts économiques.
Ce roman évoque en effet les pratiques douteuses d'un baleinier industriel japonais dans les eaux chiliennes. Mais il nous parle surtout de la résistance, celle d'une organisation écologiste, Greenpeace, celle d'un homme sans patrie et pourtant si attaché à la Patagonie, Jorg Nilssen, et enfin celle, magnifique quoique terrible, des animaux menacés, les dauphins et les baleines.
Un bémol cependant, qui n'en est d'ailleurs peut-être pas un : le roman est trop court, on aurait aimé en savoir plus sur ce baleinier industriel japonais, on aurait aimé connaître la suite, connaître les vainqueurs de ce combat entre la nature et la bêtise humaine, mais en même temps, c'est peut-être là le véritable talent d'un écrivain que celui de nous faire entrer dans un univers, et de nous laisser les clefs qui seules nous permettraient de le sauvegarder... Un ouvrage par conséquent à conseiller vivement, à cette heure où l'on s'éloigne de plus en plus de nos racines et où l'homme privilégie ses intérêts à court terme au détriment de la préservation du monde dans lequel il vit.