Ballades dans les lagunes de la fin du temps
"Le monde englouti" est un étrange roman.
Ecrit voilà cinquante ans, sur la base de l'hypothèse d'un recru d'activité solaire qui entrainerait une surchauffe de la Terre, il prend une dimension étonnamment contemporaine dans le contexte du réchauffement climatique en cours.
Dans un Londres devenu Venise, des personnages tentent de survivre, les uns parce qu'ils sont en mission officielle pour explorer ces terres changeantes, d'autres parce qu'ils se sentent perdus, ou au contraire parce qu'ils ont découvert l'existence de trésors néo-archéologiques sous ces eaux stagnantes.
Le texte est magnifiquement rédigé (une nouvelle fois, on constate qu'il est possible d'être écrivain de SF et d'avoir un vrai 'style'). Il nous entraine dans la dérive mentale de plusieurs protagonistes, dont le héros, un jeune biologiste qui se laisse envahir comme beaucoup par des rêves régressifs. Le cœur du roman est d'ailleurs là, car la transformation de l'environnement amène le cerveau des hommes à dériver à reculons vers des impressions archaïques des temps préhistoriques.
Dans ce monde déliquescent, l'intrigue est plutôt bien menée jusqu'au trois derniers chapitres ou plutôt jusqu'au chapitre 13 sur 15, qui crée un hiatus un peu dérangeant (que je ne raconterai pas pour ne pas déflorer le reste). Là, le roman bascule, de manière assez cohérente, mais avec une logique et une approche psychologique un peu discutable qui gêne un peu, d'autant que la chute (un peu prévisible) arrive très rapidement à la suite. A lire quand même pour son univers onirique.