Pour éloigner le Crapaud.
Dans le Monde selon Garp, on retrouve tous ses thèmes récurrents à Irving, avecl'impression de découvrir même les prémices, les traces, les pistes qui lui feront écrire les livres suivants.
On découvre Garp, qu'on suit de sa conception jusqu'à sa mort. Tout son microcosme familial qui tourne autour de lui.
Un ours qui fait du tricycle.
Vienne.
La lutte, la moiteur des tapis, la chaleur rassurante des salles d'entraînement.
Le Crapaud de l'Angoisse (une métaphore vraiment forte et poignante).
L'importance d'un féminisme intelligent, les dangers d'un engagement aveugle et égoïste. Fanatique.
Du sexe débridé, désinhibé, avec les risques d'avec et sans capote. Du sexe en voiture dangereux.
...
L'histoire d'une famille, de gens auxquels on s'attache doucement, petit à petit. Avec leurs sales défauts et leurs jolies qualités. A croire qu'on s'en moque, qu'on vit avec eux, bien, parce qu'ils sont là, et s'apercevoir qu'au premier drame on est prêt à verser une petite larme de chouinerie.
Parce qu'Irving parvient toujours à rendre ses personnages vrais, tout en étant originaux ils paraissent réalistes, et ils le sont : avec tous les bouts de passé qu'il leur donne, leurs caractéristiques physiques qui les rendent visuels, palpables, les anecdotes de quelques lignes qui nous aident à les cerner, à voir ce qu'ils sont où ils risquent d'aller.
Irving joue sur la corde de l'humain, et y parvient parfaitement. Il attendrit, il embarque, le lecteur fait parti de la troupe.
On a l'impression d'avoir un bout de vie entre les mains, des vrais gens prêts à surgir des pages et à vous embarquer sur un tapis de lutte, à une table pour manger des pates-bolo ou dans les rues de Vienne à tenir le crachoir avec des prostituées...
Et quand on connaît les livres d'Irving (pré-1990), on a plaisir à retrouver tout son univers qu'il répète à l'infini, comme de bonnes vieilles charentaises posées au coin du feu, dans lesquelles on glisse nos pieds glacés d'avoir glissés sur les routes gelées.
C'est doux, chaud, réconfortant.