Voilà donc terminé mon deuxième Irving. Pas simple de parler de ses romans-fleuves où se déploie ce qui me manque le plus : l'imagination.
C'était déjà le cas avec L'oeuvre de Dieu, la part du diable, et c'est ce qui m'a décidé à réitérer l'expérience.
L'imaginaire est toujours aussi riche, loufoque, souvent drôle, parfois inattendu. Mais je me suis moins attachée à ces personnages préoccupés de lutte, de sexe, de notoriété littéraire. Autant les personnages de L'oeuvre de Dieu, la part du diable étaient habités par des considérations morales et philosophiques, autant ceux de Garp sont matérialistes.
Et avec l'imagination riche se révèle ici le revers de la médaille : une maladresse dans la construction, un manque de rigueur dans la ligne du récit qui donne l'impression qu'on virevolte partout sans s'attacher nulle part. Je crois encore préférer la sécheresse d'inspiration qui donne de la profondeur et une ligne plus solide.
Mais je comprends tout de même la notoriété de ce roman qui présente des situations improbables ; en vrac : deux minis romans gigognes qui voient passer des ours viennois à vélo et des jeunes femmes violées par des demeurés bestiaux dans une camionnette bleue turquoise ; Garp attaqué par un chien fou se défendant en lui arrachant l'oreille avec les dents ; une femme infidèle qui, au moment de quitter son amant/ élève lui fait une fellation ; son mari vient percuter la voiture où les amants se trouvent, ce qui entraînera l'émasculation de l'amant, une fracture de la mâchoire et de l'épaule de la femme et, dans la voiture du mari, la mort d'un des deux enfants du couple légitime et l'autre enfant, qui perdra plus tard un bras, éborgné ; une confrérie de femmes se coupant la langue pour protester contre la violence sexuelle des hommes ; une transgenre prénommée Roberta, ancien ailier de base-ball, qui déguisera le héros en femme afin qu'il assiste aux funérailles féministes de sa mère etc etc etc
À donner le tournis... mais on a droit à de vrais moments d'humour, souvent accompagnés de drames.
Donc, je ne regrette pas ma lecture, mais j'ai un peu peiné à arriver au bout des plus de 600 pages. Mon imagination si limitée a été nourrie par cet univers folklorique mais mon esprit reste un peu sur sa faim.