Quand ton/ta partenaire devient… un peu trop chelou

Si tu pensais que les histoires d’amour compliquées se résumaient à des textos laissés en “vu” ou des disputes sur la température du thermostat, Le Monstre sur le seuil de Lovecraft est là pour te rappeler que certains couples ont des problèmes légèrement plus inquiétants… comme l’occupation progressive de leur corps par une entité maléfique.


L’histoire ? Un gars, Daniel Upton, commence à flipper sévère parce que son meilleur pote, Edward Derby, a changé depuis qu’il s’est marié avec Asenath Waite. Sauf que ce n’est pas juste un petit changement du style “il ne sort plus avec ses potes et passe son temps à regarder des émissions de déco”. Non, c’est plus du genre “il a l’air d’être une autre personne, il parle d’une voix bizarre et, accessoirement, son regard est habité par quelque chose d’inhumain.” Classique.


Et là, c’est parti pour une descente dans la pure paranoïa lovecraftienne. Y a-t-il une entité démoniaque qui manipule Derby ? Sa femme est-elle vraiment humaine ? Ou est-ce que tout ça n’est qu’un énorme pétage de câble de la part de notre narrateur ? Avec Lovecraft, la frontière entre la folie et la réalité est toujours aussi fine que la patience d’un bibliothécaire face à un livre mal rangé.


L’ambiance est poisseuse, oppressante, comme toujours avec le maître du cosmique horrifique. On ne voit presque rien, mais on sent que quelque chose cloche. L’inéluctabilité du mal, la corruption insidieuse, les liens avec l’horreur ancestrale et les cultes immondes… tout est là, distillé avec cette prose délicieusement inquiétante qui fait le charme (ou l’indigestion) de Lovecraft.


Alors oui, ça reste du Lovecraft : phrases tentaculaires, personnages pâlots et quasi-interchangeables, et une misogynie sous-jacente qui fait qu’Asenath, en tant que femme “mystérieuse et inquiétante”, est traitée avec la subtilité d’un démon invoqué par accident. Mais le malaise fonctionne, l’histoire happe, et la conclusion frappe avec cette fatalité implacable qui te fait refermer le bouquin en te demandant si, toi aussi, quelqu’un d’autre ne regarde pas à travers tes yeux.


Bref, Le Monstre sur le seuil, c’est une leçon de possession lovecraftienne à l’ancienne, une étude terrifiante du parasitisme mental et corporel, et un rappel que parfois, le vrai cauchemar commence après le mariage.

CinephageAiguise
8

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