Plus connue pour son roman "Middlemarch", George Eliot signe toutefois ici un roman tout aussi complet et fascinant. Difficile de garder à l'esprit qu'il s'agit seulement de son second roman tant le style est affirmé et la construction romanesque sans lacune.
George Eliot est une femme de lettres anglaise plutôt mal connue des lecteurs français mais adulée par les lecteurs britanniques et on ne saurait leur tenir rigueur de ce favoritisme tant la vie et la carrière de George Eliot sont riches de rebondissements et de productions, ces dernières d'une profondeur psychologique louée à la fois par les critiques et les lecteurs.
Le réalisme tant vanté de ses descriptions imprègne ses romans d'une couleur très particulière et l'humour plein de mordant - qui n'est pas sans rappeler Jane Austen - rend ses personnages extrêmement attachants.
Dans "Le moulin sur la Floss", le lecteur suit l'enfance puis la jeunesse de Maggie, enfant mal dans sa peau et incomprise, très dépendante de l'affection de son frère Tom, facétieux et plutôt égoïste. Au fil de leurs deux jeunes existences, les rencontres, les rancoeurs et les événements vont leur tisser un avenir complexe qui ne sera pas simplifié par leurs affections sentimentales.
Le personnage de Maggie m'a irrésistiblement fait penser à celui de Bathsheba Everdene ("Loin de la foule déchaînée", Thomas Hardy) dans son besoin d'indépendance coriace. Une figure féminine superbe et d'une modernité époustouflante pour l'époque, rappelons que "Le moulin sur la Floss" est paru en 1860. D'ailleurs, pour moi il ne fait pas l'ombre d'un doute que George Eliot a inspiré un très grand nombre d'écrivains, à commencer par mon bien-aimé Thomas Hardy.
Je recommande très vivement ce roman, un classique à l'envergure universelle et intemporelle.