Vers 1830, un petit garçon et une petite fille grandissent dans la campagne anglaise auprès de leurs parents, propriétaires d’un moulin. Très attachés l’un à l’autre, les deux enfants ont pourtant des personnalités totalement différentes. Au naturel passionné et tendre de Maggie s’oppose le caractère ferme et pragmatique de son frère Tom. Ces différences vont mettre à l’épreuve leur affection, d’autant plus que Tom, seul fils du meunier, est envoyé en pension pour s’instruire. Puis les enfants grandissent, la ruine s’abat sur la famille Tulliver et chacun réagira en fonction de sa nature profonde. Dans le malheur, frère et sœur resteront-ils soudés comme autrefois ?
Le résumé que je vous livre paraît bien insignifiant au regard de cet immense chef d’œuvre ! En réalité, « Le Moulin sur la Floss » est à la fois une histoire de famille, une fresque sociale et une étude psychologique, tant ses personnages sont divers et pleins de relief. La bourgeoisie d’affaires, le clergé et le monde agricole y sont étroitement liés. On y trouve aussi des histoires d’amour et un magnifique portrait de femme, celui de Maggie Tulliver, en qui George Eliot se retrouvait sans doute un peu. Mais le motif principal du roman est à mon sens l’amour fraternel ; c’est pourquoi un tiers du livre relate l’enfance de Tom et Maggie avec des scènes si vivantes, si touchantes qu’on se prend d’affection pour ces petits Anglais d’autrefois.
George Eliot (1819-1880) mérite largement son statut de monument littéraire anglais. A l’époque, la reine Victoria comptait parmi ses fervents admirateurs ; mais ces romans ont une puissance universelle qui nous bouleverse encore aujourd’hui. Et quelle écriture ! Le style en est à la fois intimiste, enjoué et émouvant. Même si j’ai beaucoup aimé « Middlemarch », je placerais « Le Moulin sur la Floss » encore plus haut sur les sommets de la littérature mondiale.