La note peut paraître dure pour certains, et simultanément je n'ai nul doute que d'autres lecteurs me trouveraient trop généreux. Mais je voudrai ici avoir un jugement non de critique littéraire mais parler purement et simplement de mon ressenti avec ce livre. Déjà je dois expliquer que je n'avais rien lu de Christian Bobin avant ce livre. Mais alors que je passais par ma librairie en cette fin d'année 2022, je suis tombé par hasard sur ce livre, Le Muguet Rouge, et me suis alors dit que j'étais intrigué. Bien présenté, un livre vous fera toujours craquer.
Le livre me surprend immédiatement par son style que certains appellent "fragmentaire". Je dois bien dire que l'on est loin pourtant avec Bobin du style des fragments. Ou plutôt que ce sont les chapitres de deux-trois pages qui sont conçus comme des fragments dans ce grand ensemble de pensées disparates où la beauté des mots sert à présenter la pensée de l'auteur. Une pensée qui est loin d'être toujours indulgente, ou même juste je dirai, pour son époque.
Une pensée qui est cultivée, sans mépris ni air hautain mais qui assume ses références et que le lecteur doit avoir avant de lire ce livre.
Pour autant, il y avait dès le début un je-ne-sais-quoi pompeux voir prétentieux dans le style qui m'ennuyait et me rappelait une autrice que j'avais détesté lire l'année passée : Lydie Dattas. Quel heureux hasard me fit découvrir qu'elle et Bobin étaient mariés ! Je comprenais mieux. Je me permets une parenthèse pour préciser que si j'ai détesté le Livre des Anges de Dattas c'était bien car j'estimais que 10% de son contenu relevait du génie là où les 90% ne dépassaient pas le cadre d'un lycée catholique des années 80.
Le chemin de ma lecture avec le Muguet Rouge fut fort différent. Petit à petit Bobin se rend lisible, accessible, sans qu'il le veuille forcément il s'ouvre au lecteur de plus en plus facilement. C'est un livre qui est bien plus accessible qu'on ne le dirait à la première appréhension.
Finalement, je ne peux qu'être heureux de ce petit parcours qui m'a permis d'avancer doucement dans cette douceur de langue qui se rend de plus en plus claire. Je ne suis pas sûr néanmoins d'être toujours en adéquation avec un fond que je trouve plus rapidement pensée qu'il ne le prétend, mais Christian Bobin a fini par me donner le sourire d'avoir encore envie de le lire malgré un premiers tiers particulièrement peu agréable pour moi.