Se fondre dans la montagne.
Du jour au lendemain, un mur invisible coupe une femme du reste du monde. Elle se retrouve cloisonnée dans un chalet dans les montagnes autrichiennes. Personne ne semble se trouver dans l'enceinte créée par le mur. Et le monde, à l'extérieur, est figé (elle aperçoit des silhouettes humaines ou animales, mais celles-ci ressemblent à des statues de cire).
De là, immédiatement, cette femme de la ville retrouvera les réflexes et les gestes de son enfance, essentiels à sa survie.
Entourée de son chien, un Braque, Lynx, de sa vache sans nom, de sa chatte sans nom, elle ne fera plus que ça : survivre. Et s'occuper de ses animaux.
Une écriture simple, précise, qui s'attache à décrire les choses comme elles sont. Une histoire de répétitions quotidiennes, de lutte contre la dureté de la Nature. On pourrait s'ennuyer, mais l'auteur parvient à créer un monde tellement palpable, une atmosphère pleine de sous-tensions, qu'on reste accrochée à son personnage, et à ses animaux, on s'y attache, on vit à leur rythme, et on a peur pour eux, sans arrêt. Comme cette femme a peur aussi.
Ça raconte le détachement à l'humanité, la désincarnation, le devoir, l'obligation. Ça n'est pas tendre avec la vie humaine telle qu'on la connaît, mais sans être donneur de leçon (chapeau) : des constats sur les manques, les failles, les paradoxes.
C'est difficile de vraiment parler de ce livre, parce qu'il touche sur quelques cordes sensibles avec beaucoup de finesse, presque l'air de rien. On pourrait facilement passer à côté, se dire que c'est chiant, qu'il ne se passe rien, que c'est répétitif.
Mais non.
Il y a des phrases, juste des petits passages au milieu de dizaines de pages, où la narratrice se rend compte qu'elle ne ressemble plus du tout à celle qu'elle était, comme si elle n'avait plus de visage. Où elle se rend compte de la tristesse qu'elle contient en elle.
Ce livre traite avec force la solitude, la survie, la vie dans les montagnes, la nature, les animaux.
Un très bon livre !