David Foenkinos a toujours le chic de nous surprendre avec une littérature dont les raisons sont loin d’ être anodines.Son génie,dans le mystère Henri Pick,est d’amener le lecteur à plonger tête la première dans une histoire dont le twist final se révèle dans les dernières pages.Au fond,cette bibliothèque de manuscrits refusés est un superbe paravent pour préparer l’estocade d’une intrigue entremêlées d’histoires multiples.Le mystère Henri Pick ou quand le livre devient un prétexte narratif.A vrai dire,l’identité caché de l’auteur de ce livre sur Pouchkine devient secondaire quand on rencontre et apprécie toute la galerie de personnages de Foenkinos.Les raisons ou les positionnements du couple Frédéric/Delphine (archétype du couple atypique entre l’écriture et l’édition,ce fameux mariage de raison); le microcosme de Crozon (avec une préférence pour Magali Croze,au nom prédestiné à l’enracinement géographique breton, et à Gourvec forcément dont l’amour des livres a sublimé une existence chaotique); ainsi que les rattachés de circonstances (comme Rouche,dont les approches sur la vérité du manuscrit de Pick sont pleines de bon sens et permettent une rencontre savoureuse avec une vieille dame).J’ai vraiment adoré cerner ces caractères avec toute l’ingéniosité de Foenkinos pour nous les approprier dans des moments savamment anticipés.Lire le mystère Henri Pick,c’est donc plus que lire un polar aux enquêtes trompe-l’œil,c’est accéder à un maelström de psychés qui forment du sens et éclairent remarquablement la complexité des choix de vie humains.En continuant à décrire la vie comme un processus non figé,surprenant,l’auteur nous fait du bien et nous défend de croire que la routine est une norme indévissable.Mon seul petit bémol sera sur l’appropriation de l’histoire contenu de ses ramifications subtiles qui exigent vraiment d’oublier le premier degré.Ce qui sera difficile pour des lecteurs trop cartésiens et habitués à une forme formatée.Une fois de plus,je vous tire mon chapeau,Monsieur Foenkinos,en croyant plus que jamais à l’immensité de vos ressources littéraires d’écrivain.