Pour une thérapie par le rire
Les écrivains français dans leur ensemble sont de gens formidables. Ils sont très productifs, publient à tour de bras des ouvrages qui, pour la plupart, ne seront pas lus. Peu intéressés par la gloire et l'argent, ils veulent simplement faire partager leurs émotions, leurs souffrances. Ils racontent souvent des histoires dont les héroïnes tourmentées cachent un affreux adultère ou une mère castratrice voire un viol incestueux (très à la mode ce dernier) et parfois les trois ensemble... Quelques uns se jettent tête baissée dans le fait de société, le chômage, le surendettement, le sida, le coming out. Tout cela n'engendre pas vraiment l'hilarité et plombe souvent le lecteur dans des pages lugubres qui vont le pousser à se gaver de neuroleptiques pour pouvoir supporter un réel tout aussi angoissant.
Et puis il existe une race en voie de disparition : l'écrivain qui veut faire rire ses lecteurs. A part quelques dames surfant sur la vague "Bridget Jones " ou "Le diable s'habille en Prada", connaissez-vous beaucoup d'auteurs qui ont fait le choix de mettre son lectorat de bonne humeur ? Très très peu en fait (et surtout si vous en connaissez, mettez-moi leur nom dans les commentaires, je suis preneur).
Je viens (avec retard, je sais ) de découvrir J.M. Erre.... J'en ris encore ! Non seulement "Le mystère Sherlock" est drôle mais aussi intelligent, bien écrit et ingénieux.
Imaginez une intrigue lorgnant vers les 10 petits nègres d'Agatha Christie, avec l'érudition joyeuse d'un Pierre Bayard (universitaire travaillant sur la littérature), un zeste de Charles Exbrayat pour le côté déjanté, une écriture férocement drôle et vous aurez un bouquin qui devrait vous faire passer un excellent moment.
Cette réunion de spécialistes de Sherlock Holmes coincés par la neige dans un hôtel Suisse, avec ses personnages très hauts en couleur et leurs disparitions tragiques au fil des pages, est un régal. C'est vrai que ce n'est pas toujours très léger, mais la construction très maîtrisée de ce livre, la truculence du style et les rebondissements incessants happent le lecteur jusqu'à la fin, qui elle aussi, comme dans un bon polar, joue sur l'effet coup de théâtre.
Il est certain que je me procurerai les précédents ouvrages de J.M. Erre, surtout que le web me dit qu'ils sont meilleurs (Est-ce possible?). Je ne peux que remercier Jean Marcel (le prénom que cachent les initiales J.M.) qui, dans ce monde de brutes, a le bon sens d'écrire d'excellents livres pour distraire ses contemporains. Qu'il en soit ici grandement remercié.
Et je ne résiste pas
La fin sur le blog
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.