Le Mythe de l’allergie française au fascisme par Yananas
La publication de cet ouvrage collectif – émanant d’auteurs venant d’horizons intellectuels divers – témoigne d’un nouveau tournant dans l’actualité, désormais on ne peut plus brûlante, de la question historique du fascisme français. Elle entérine la supposée et mythique allergie française au fascisme en contestant à la fois le caractère exogène de l’expérience fasciste et l’impossibilité d’une contagion grâce à une immunisation procurée par la culture politique démocratique. Nous avons affaire à une radicale déconstruction épistémologique de la thèse immunitaire, jugée trop « essentialiste »… Mais aussi à une reconstruction qui passe par la mise à l’écart de toute téléologie ou finalisme justifiant l’abandon de l’hypothèse fasciste – ce serait au nom de l’échec du fascisme en France que l’on s’interdirait de penser son épaisseur historique et sa valeur heuristique. Ici, la contribution de Didier Leschi sur les Croix-de-Feu, La Rocque et le PSF – lequel compte environ un million d’adhérents en 1936 – est la bienvenue. Des analyses intéressantes sur la revendication du label fasciste donnent lieu à des interrogations sur les stratégies de distinction qu’elle représente. Ce questionnement sur la construction des dénominations et des identités politiques est susceptible d’attirer l’attention. On pourra cependant reprocher à cet ouvrage son éclatement et son absence d’unité, manquant de structure interne. Aussi, l’approche purement nominaliste peut poser problème en ce qu’elle est certainement trop déconnectée des enracinements sociaux.