Un petit royaume du Nord de la péninsule italienne. Durant la renaissance, à l'époque des Borgia, de Leonardo, de Michel-Ange, de Raphaël et de Machiavel. L'époque de l'inquisition et de la toute puissance de l'Eglise.
Le nain en question est le narrateur : il nous présente ses mémoires, ses notes prises au quotidien durant sa vie au service du prince régnant. Il est l'homme à tout faire, l'intendant, le messager des plis secrets, des mots doux devant rester discrets. Il est partout, ses yeux épient, ses oreilles écoutent.
Au cours d'un long monologue, il va nous livrer ses impressions, son ressenti, ses idées sur le couple princier, la cours, les courtisanes et courtisans, la plèbe et les évènements ponctuant sa vie est celles des autres. Son récit est acide, mordant. Parfois véhément. Car le nain déteste tout le monde (à l'exception du prince qu'il sert et du chef des mercenaires qu'il admire). Les autres ne valent ni le papier, ni l'encre qu'il leur consacre.
Le nain s'estime différent des autres. Par sa taille bien évidemment, mais aussi par sa simple condition de nain. Selon lui, les nains ne sont pas humains. Ils forment une espèce distincte. Il juge les hommes de haut (lui qui n'a pas accès à certaines pièces du palais car les poignées de portes restent hors de sa portée), avec morgue et cynisme et occupe son temps à médire une plume à la main. Le nain est manipulateur.
Le Nain est un livre fabuleux. Un livre que j'ai adoré de la première à la dernière ligne. Ce petit homme est odieux : sa langue est si acérée que le discours est immédiatement savoureux. Tout le monde y passe. Le nain porte des jugements très durs. Son ton est péremptoire, despotique. Il est toujours là pour jeter la première pierre. Il aime la guerre (l'attaque, l'art prédateur de la traque, mais pas la défense qui l'ennuie), la traitrise, le complot. Il exècre l'amour (bien qu'il semble la connaître... sans la reconnaître ni l'avouer).
Ce petit homme m'a fait passer un extraordinaire moment de lecture.