Les aventuriers de la mer, dès son premier tome, apparaissait comme une odyssée faite de drames et de tensions familiales. Avec ce second opus, la confirmation que la plume de Robin Hobb sait maintenir le lecteur en haleine se vérifie.
Dans le tome précédent, le décor et les protagonistes ont été installés, les enjeux posés. Althéa, fille de caractère de feu le capitaine Vestrit, a été dévastée par le choix de ses parents de la déposséder de la vivenef qu'elle pensait acquise. Le nouveau capitaine, Kyle, époux de sa soeur, ne veut pas d'elle sur le pont et a forcé son fils Hiémain à embarquer alors que ce dernier n'aspire qu'a embraser la lumière de Sa. Du côté des pirates, le capitaine Kennit se voit porté par un destin qu'il imagine grandiose et tente de rallier à sa cause les individus de sac et de corde qui composent son équipage et bien d'autres.
Tous ces personnages connaissent une navigation incertaine, faite de creux effrayants comme de moments où l'espoir d'atteindre leur but semble se concrétiser. Mais les drames tissent l'existence de ces êtres et leurs tourments gonflent les pages de ce tome, à l'instar des voiles des vivenefs, et menacent de les noyer dans le chagrin ; le lecteur avide de dévorer les lignes noircies par l'auteure espère une accalmie dans la tempête qui tourbillonne mais le typhon qui assaille les cœurs ne semble pas vouloir s'apaiser de sitôt.
Forte d'une narration efficace et évocatrice, Robin Hobb ne laisse pas ses lecteurs se détacher du bastingage où ils s'accrochent à l'espoir d'apercevoir les lumières du port mais ne peuvent que contempler les serpents marins, issus des profondeurs abyssales, qui les menacent de leurs crocs et vapeurs empoissonnées. Gageons que la suite, sans nulle doute tout aussi passionnante, apporte une éclaircie bienvenue...