Diana Claimont-Bishop, sorcière refoulée (car ensorcelée) depuis son enfance, a voyagé dans le passé en compagnie de son mari afin d'apprendre son art. De retour dans son temps, elle doit faire face à ses ennemis. En effet, ce qu'elle est suscite moult inimitiés. Tisseuse, type de sorcière rare capable de créer ses propres sorts, elle est en outre mariée à un vampire. Ils ont de surcroît engendré une descendance, ce qui semble impossible. C'est en tous le cas interdit par la Congrégation, sorte de conseil tricéphale qui regroupe sorciers, vampires et démons. Enfin, Diana a déjà eu un contact avec l'Ashmole 782, manuscrit antique qui détiendrait tous les secrets de ces trois espèces. Ce document est activement recherché par les créatures avides de pouvoir. Si cela ne suffisait pas, Benjamin, un des enfants de Matthew atteint de la fureur sanguinaire, poursuit le couple de sa haine par le truchement de ses noirs desseins.
Contrairement au deux tomes précédents, qui voyaient une première moitié de roman très descriptive installer tranquillement le récit avant que l'intérêt aille crescendo, ce dernier opus trouve un rythme plus soutenu dès le départ. C'est plutôt dans le tiers central que l'intrigue avance plus paisiblement, prenant le temps de parler d'enfants et de vie de famille. Celles et ceux qui goûtent la description de l'intimité d'un couple y trouveront sans doute leur compte mais la complaisance avec laquelle l'auteure insiste sur cet aspect m'a semblé parfois un peu lourde. "Je t'aime, tu es toute ma vie, mon cœur, mon âme, mon sang..." : ces éléments, déjà bien présents entre Diana et Matthew dans les deux précédents tomes, se voient renforcés par la présence de deux bébés qui font allègrement virer gâteux toute la famille, vampires compris. La guimauve prend alors des proportions alarmantes.
Fort heureusement, alors que la fin de récit s'approche, l'heure des comptes sonne et l'opposition entre le couple et ses détracteurs va donner lieu à quelques scènes jubilatoires. De la même façon, une série de révélations plutôt surprenantes va apporter le piquant nécessaire pour relever l'indolence dans laquelle certains lecteurs auraient pu se laisser ensorceler. Le nœud de la sorcière a enfin révélé tout son potentiel.
Au final, une agréable trilogie mettant en scène diverses créatures nous est proposée par Deborah Harkness : pétrie de références historiques, de symbolisme, il s'agit là d'une histoire d'amour, de pouvoir et de magie entre deux êtres apparemment différents et leurs ascendances respectives. Une ode à la tolérance envers ce qui n'est pas comme soi.