Après un titre de critique aussi naze et hippie, qu'attendre des quelques lignes ci-dessous ? Je ne connaissais rien d'ULG mais on m'a introduit son travail comme de la SF ethno et, en effet, Le nom du monde est forêt illustre parfaitement en quoi la SF sert de terrain de jeu spéculatif.
Toutes les notions et histoires cruellement humaines liées à la colonisation, l'esclavage, l'acculturation, l'exploitation des ressources, la destruction écologique, en somme la relation à l'autre et à l'environnement défilent dans ce court roman.
Confusion des genres, au sens taxonomique, entre les prétendus sauvages de la planète Athshe et les colons humains avides de bois, apprentissages et incompréhensions mutuelles, bouleversements psychologiques et sociétaux des deux côtés de l'humanité, ULG parvient à ratisser large en 150 pages tout en livrant un récit touchant, délicat et étrange. Elle esquive plutôt bien les clichés, même pour un livre de 1976, avant que la conscience écologique ne soit aussi publicisée qu'aujourd'hui et la destinée des "peuples premiers" prise en considération.
Sa forêt est belle (vraiment), immersive, justifiée, et les accents nostalgiques côtoient les sanglants accès de fureur et d'effondrement mental. Le tout étonnamment optimiste et sans gros effets de manche.