Le Nom du vent, c'est un grand et beau moment de fantasy qui ira se loger, on le pressent, au pays des classiques du genre et où l'on se replongera, les jours de marathon ou de tempête de neige, près de son feu chéri pour le savourer à pleines dents, comme un muffin. Le Nom du vent n'est qu'un premier volume, c'est une histoire qui se présente longue, complexe et tomaisée. Vous me direz que c'est tautologique puisque nous sommes en pays fantasy et qu'en de telles terres on ne sait pas faire court (sauf Justine Niogret et elle fait ça très bien) - il faut du temps pour poser un univers, une histoire, une mythologie... Ce temps-là on le prend en large et très peu en travers. Quand je dis "on", vous savez que je parle de l'aubergiste de la Pierre levée.

Car c'est le fameux Kote qui prend le temps de poser son autre lui, son ancien lui, son lui dont il se souvient et qui explique l'aujourd'hui - mais sans la lourdeur d'une autobiographie, même fictionnelle. Kote s'assoit et raconte. Il raconte la formidable, l'improbable, la rebondissante, la difficile vie de Kvothe, cette vie ancienne qui palpite sous la surface de sa peu d'arcaniste durcie par les années et les malheurs. Dans la langue déliée de conteur, les événements les plus heureux et les plus tragiques se succèdent dans un rythme constant (on ne s'ennuie pas) et sans pathos encore ; nous sommes au cinéma et il y a ce qu'il faut de description pour sentir en-dessous de soi le sol qui tremble sous la caravane des comédiens et la langueur de leur feu du soir, pour sentir qui le luth sous ses doigts, qui ses poches vides et le ventre creux, qui les rues agressives de Tarbean et la neige entre les pavés sous ses pieds nus, qui l'Université, qui la fameuse Université, l'odeur du parchemin, de la poudre, de l'animosité, de l'amitié et puis aussi, l'immense, le délicieux et enivrant parfum de Dennah.

Un peu de vocabulaire à appréhender - on aurait pu se passer d'une mesure du temps différente je pense mais ce n'est pas grave - mais c'est tout, le reste est une légende en train de s'écrire et de se construire sous nos yeux de lecteurs avides d'en savoir davantage. La traduction est leste et efficace ; on en redemande. Et à la fin, quand on fini les 800 pages, on se demande. Tant de questions encore à éclaircir. Est-ce bien pertinent de se lancer de nouveau dans une saga non achevée ?

La réponse est oui : lancez-vous, lançons-nous. Tant pis s'il n'y a rien au bout, le vol seul est merveille.
JulieToral
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Livres (2015)

Créée

le 25 janv. 2015

Critique lue 298 fois

JulieToral

Écrit par

Critique lue 298 fois

D'autres avis sur Le Nom du vent

Le Nom du vent
Harly
10

Critique de Le Nom du vent par Harly

Le nom du vent, de Patrick Rothfuss a été un énorme coup de coeur pour moi dans le monde la Fantasy. Du genre plus rien ne me semblait à la hauteur après, les livres que j'ai lu pendant quelques...

le 26 oct. 2011

31 j'aime

4

Le Nom du vent
Taurusel
9

Récit tortueux et accrocheur, magie fascinante.

Le nom du vent a été une surprise particulièrement agréable et, surtout, fascinante par certains aspects. Certes, le récit parait quelquefois un peu longuet, voire même retors dans ses explications,...

le 6 nov. 2011

19 j'aime

8

Le Nom du vent
RhumRhum
5

High School Magical

Le Nom du vent est un roman de fantasy qui nous vient des États Unis et qui s'est vendu avec sa suite à plus de dix millions d'exemplaires, c'est un best-seller. C'est aussi un récit initiatique très...

le 27 août 2019

10 j'aime

Du même critique

Le Génie lesbien
JulieToral
9

Lesbians rock

Ouuh les fourmis du militantisme quand tu lis ce texte ! Ses défauts d'abord : je trouve que la construction, surtout vers la fin, pêche un peu. Son côté fourre-tout m'a un peu décontenancée et je...

le 31 oct. 2020

26 j'aime

3

Les Raisins de la colère
JulieToral
9

Cette petite tortue au début, c'est toi tout craché

Je reste là et je ne sais pas quoi dire. J'ai fini le livre tout à l'heure et je reste là, je ne sais pas quoi dire. Si j'aime autant Steinbeck c'est peut être parce que son écriture est très humble...

le 20 oct. 2013

23 j'aime

4

Ravage
JulieToral
6

Critique de Ravage par JulieToral

J'aurais aimé mettre une note plus importante pour rendre hommage à deux supers scènes : la première, la descente de l'escalier infernal avec perdition dans le parking immense (et porte ouverte sur...

le 16 janv. 2013

18 j'aime

4