De la jeunesse à l’âge adulte, en payant le coût de la résilience et de la liberté

La saga de L’Amie prodigieuse passe de la jeune adolescence à l’âge adulte avec ce nouvel opus.

Plus lourd que le premier tome, ce 2eme chapitre donne de la réalité au fossé qui avait été tracé sans être creusé entre Lila et Elena, par le mariage de l’une et les études de l’autre.

Ce livre est touchant et son rythme, surtout la 2eme partie, à Ischia, emporte le lecteur dans un tourbillon d’émotions confuses qu’on vit avant de vraiment les saisir, comme Elena et Lila. Néanmoins, ce roman, plaisant à chaque instant, se plaît parfois à raconter sans avoir beaucoup à dire. Le flux de cette histoire agréable aurait pu gagner à être plus concis.

Le récit d’environ 500 pages commence aux noces de Lila et prend fin quand Elena publie son premier livre alors que Lila s’apprête à commencer à travailler à l’usine, 5 à 10 ans plus tard.

4 phases découpent le livre, entre rapprochement et éloignement de nos 2 protagonistes.

Lors de la première phase, la différence entre Lila et Elena se marque : Lila entre dans une vie conjugale à laquelle elle se fait mal, par résignation. Elle tombe enceinte et fait une fausse couche alors qu’Elena continue son parcours scolaire brillant au lycée et commence à fréquenter les milieux intellectuels de Naples.

La deuxième phase, celle de l’été à Ischia est charnière, c’est un été de découverte et de tourbillon.
L’apparente légèreté de cet été est le terreau d’une fougue joyeuse et frénétique qui impactera le reste de la vie d’Elena et de Lila.
Lila découvre son malheur conjugal en découvrant le bonheur et l’amour avec son amant, Nino. Elena découvre le goût de la trahison et le coût de la résilience, sans qu’elle ne s’en rende compte immédiatement. Elle qui aimait Nino, couche sur la plage avec son père pour faire taire le bonheur irraisonné et destructeur de Lila et Nino.

Lors d’une 3eme phase du livre, Elena fuit Lila et sa passion destructrice. Elena finit son lycée et part à l’école normale de Pise.
Lila se plonge dans sa passion pour Nino, tombe enceinte, quitte son mari mais lui revient après que Nino ne l’abandonne lâchement.

Enfin le livre se clôture sur une 4eme phase, qui marque l’entrée dans la vie adulte, comme un avènement pour Elena et une déchéance sociale pour Lila, prix payé de plein gré pour sa liberté. Elena publie son premier roman alors que Lila entame un emploi d’ouvrière. Un contact timide est rétabli.

Ce qui touche particulièrement dans ce livre c’est le thème de la violence des hommes.
Ce thème imprègne le livre d’une manière plus cruelle que le premier tome. La violence du premier opus revêtait une dimension sociale comme héritée, la violence des pères.
Ici les garçons, les fils, sont devenus des hommes à leur image, violents ou lâches.
Stefano, fils de Don Achille, le garçon poli viole, il bat, il tourmente. Il écœure.
Nino, fils de Sarratorre, courtise Elena, puis Lila, qui tombe enceinte et qu’il abandonne, lâchement.
Rino, fils de Fernando, bat sa femme par rancoeur et vengeance.

On se perd avec un grand plaisir dans ce roman à l’écriture fluide, aux personnages féminins puissants. C’est une grande saga qu’on lit pour le chemin qu’il nous fait parcourir. Néanmoins, certaines longueurs dans l’histoire apportent du plaisir sans pour autant contribuer à l’intrigue et sans raconter grand chose de fort.

Merci pour ce beau livre sur des femmes inspirantes et puissantes entourées d’hommes.