On suit dans ce roman deux êtres à la vie hors-norme, Flora Tristan et son petit-fils Paul Gauguin. Deux êtres allant jusqu'au bout pour défendre leur vision du monde et qui se battent, chacun à leur manière, pour la réalisation de leur idéal, social pour Flora, artistique pour Paul.

La construction du roman est saisissante : non seulement par l'entremêlement de ces destins extraordinaires - les chapitres alternent entre la vie de Flora et la vie de Paul - mais aussi par la manière de raconter leur passé. Mario Vargas Llosa fait surgir les souvenirs des personnages dans le récit de la même manière dont ils surgissent dans la mémoire humaine : plus ou moins consciemment, par la comparaison avec un événement ou un ressenti présent, par les rencontres, parfois de manière inattendue, et souvent quand vient le temps des bilans.

On ne peut être qu'admiratif aussi par la minutie de l'auteur dans la reconstitution fidèle de la vie de ces deux personnages. La maîtrise du sujet est telle que le narrateur se permet de tutoyer les protagonistes. Le résultat en est une vraisemblance à tout épreuve qui nous fait oublier la part de fiction du roman, et qui nous donne l'impression d'avoir, de source directe, la vraie retranscription des pensées de nos deux personnages.

Mais deux vies parallèles, donc. Quelle frustration de ne pas les voir se croiser ! Malgré moi, j'ai espéré tout au long du livre que l'on nous révélerait un lien plus fort entre ces deux vies que ce seul lien généalogique, ou du moins qu'il y ait un sens plus profond à les réunir au sein d'une même œuvre. Au lieu de ça, leur relation ne semble qu'anecdotique, on ne parle que rapidement de la vie d'Aline, fille de Flora, mère de Paul. L'attente est longue, elle se transforme en une frustration qui s'ennuie peu à peu de cette accumulation de détails biographiques. Le travail documentaire prend, malheureusement, le pas sur le style, la poésie, le sens. Un strict ancrage de l'histoire trop strict à mon goût, comme regarder un film documentaire quand on s'attend à une fiction...

mazaga
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le 1 déc. 2023

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mazaga

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