« Le passager du Polarlys » (1932) est le 20e roman (en 12 chapitres), à 29 ans, de Georges SIMENON (1903-1989). C’est le premier roman qui ne fait pas partie des Maigret, qualifié parfois de « roman dur ». Il fut sélectionné pour le prix Renaudot 1932 mais c’est « Voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) qui l’obtint. Pour mémoire, le romancier a écrit, sous son nom, 192 romans dont 75 avec Maigret et donc 117 sans lui (d’où la prédominance des romans durs). Etonnement, il n’a pas fait l’objet d’adaptations, ni au cinéma, ni à la télévision. Peut-être pour des raisons budgétaires, parce qu’il se déroule à bord d’un navire Express Côtier de la compagnie norvégienne Hurtigruten, qui assure, depuis 1893, la liaison maritime le long de la côte norvégienne, de Bergen à Kirkenes. A l’époque du roman, la tête de ligne était Hambourg (Allemagne). Georges Simenon fit le même voyage que dans le roman, durant l’hiver 1929-1930 à bord du Polarlys (aurore boréale en norvégien), navire à vapeur (au charbon) d’où le réalisme des descriptions. Le thème du roman, un assassinat dans un moyen de locomotion isolé, peut évoquer, « Le crime de l’Orient-Express » (1934), où un meurtre a été perpétré dans un train bloqué par la neige, ou « Mort sur le Nil » (1937, où un assassinat a lieu sur un navire de croisière sur le Nil, d’Agatha Christie (1890-1976), mais c’est le seul point commun car Georges Simenon, à son habitude, a écrit plus un livre d’atmosphère (le mauvais œil est évoqué dès le début) qu’un roman policier, avec un conseiller de police embarqué à Cuxhaven (Allemagne) et poignardé mortellement. Les soupçons se portent sur les 4 passagers ainsi que certains membres d’équipage. Le capitaine norvégien du Polarlys, Petersen, un brin taciturne, mène son enquête, en parallèle de la police, et fait penser à Maigret (il fume aussi la pipe). Petit à petit, on découvre le passé des personnages et les circonstances difficiles de navigation (superbe description d’une tempête en février) les poussent dans leur retranchement et leur bon ou mauvais choix.