Angélus Silésius (1624-1677), médecin et prêtre franciscain, est passionné de poésie mystique. Il est influencé par les œuvres de Maître Eckhart, Jean Tauler et de Jacob Boehme.
Dans Le Pèlerin chérubinique (1675), il renouvelle le regard chrétien sur le monde en valorisant l'intériorité, l'expérience de Dieu au delà de toute formulation.


"La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a souci d'elle-même, ne cherche pas si on la voit."


"Ton cachot, c'est toi-même. Le monde ne te tient pas :
c'est toi-même qui est le monde qui te tient prisonnier en toi si durement."


"L'avare est un fou, il entasse ce qui périt ;
l'homme généreux un sage, il cherche ce qui demeure."


"Où est ton trésor, là est ton cœur. Le sage a son trésor en Dieu et dans le ciel. L'avare en l'argent et dans le tourbillon du monde."


"Qui ne désire rien possède tout. Qui désire tout , n'a, en vérité, encore rien reçu."


"Si tu aimes quelque chose, tu n'aimes rien vraiment.
Dieu n'est ni ceci ni cela. Laisse le quelque chose."


"Meurs avant de mourir, afin de ne pas mourir
quand tu devras mourir : ou bien il te faudra périr."


"L'âme a deux yeux : l'un regarde le temps, et l'autre se tourne vers l'éternité."


"Plus tu connaîtras Dieu, et plus tu sauras que tu es incapable de lui donner un nom."


"Dans la mer, toutes les gouttes deviennent mer. La goutte devient mer lorsque la mer la reçoit ; l'âme, Dieu, quand Dieu l'accueille."


"Arrête, où cours-tu donc, le ciel est en toi ;
Et chercher Dieu ailleurs, c'est le manquer toujours.
Si tu possèdes, dès cette terre, un royaume en toi
Pourquoi craindre de tomber dans la pauvreté ?"


"Homme, deviens essentiel : quand le monde passera,
Ce qui est du hasard tombera ; l'essence restera."


"Sans jouissance rien ne subsiste
Sans jouissance rien ne dure, Dieu doit jouir de soi ;
Sinon son essence comme l'herbe sécherait."


"Mon cœur est le briquet, l'amadou la bonne volonté :
Que Dieu y fasse jaillir une étincelle, il brûle et brille de son mieux."


"Ne clame pas vers Dieu car en toi-même est la Source
N'en bouche pas l'issue, sans fin elle jaillira."


"Attends, mon âme, le vêtement de gloire !
Nul ne le passe en ce désert du temps."


"Où se tient mon séjour ? Où moi et toi ne sommes.
Où est ma fin ultime à quoi je dois atteindre ?
Où l'on n'en trouve point. Où dois-je tendre alors ?
Jusque dans un désert, au-delà de Dieu même."


"Ami, j'arrête là. Si tu veux lire encore,
Va, toi-même deviens l'écriture et l'essence."

lionelbonhouvrier
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le 5 août 2015

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