Près de 900 pages pour dénoncer la crédulité et le complotiste c'est beaucoup, beaucoup trop. Je ne sais pas si Umberto Eco a voulu nous mettre au défi avec ce pavé foutraque mais si c'est le cas moi j'ai royalement échoué. J'ai bien aimé la première moitié du livre mais petit à petit le vocabulaire alambiqué combiné aux innombrables sous-intrigues inutiles et autres digressions inintéressantes et empathiques ont eu raison de moi. C'est un livre beaucoup trop ambitieux pour dire ce qu'il a à dire donc on tombe dans l'indigestion complète. J'ai le sentiment qu'Eco a ici trouvé le prétexte idéal pour faire étalage de toute sa culture avec cette histoire de Plan qui va ré-unifier tous les mythes et clichés connus de l'occultisme. On en arrive à du name-dropping de grands artistes, de penseurs et de figures historiques et religieuses à foison. J'ai l'impression qu'Eco a coché absolument toutes les cases culturelles liées aux théories du complot et de l'ésotérisme pour en faire la base de son histoire mais limite ça tombe parfois dans le ridicule, à l'image des tentatives d'humour assez navrantes qui y sont présentes. Et surtout ça nous vend un truc follement romanesque mais en fait c'est pas grand chose. 60% du livre au moins c'est de l'état d'âme, des tranches de vie, des histoires d'amour... Alors certes, ça donne de l'épaisseur aux personnages mais là c'est trop. Ça dillue totalement la thématique centrale du bouquin.
Les enjeux sont quant à eux beaucoup trop fades, sans relief, sans suspense, sans rebondissement... Les trois personnages ne font face à aucune vraie opposition si ce n'est la difficulté de la tâche elle-même. Le tout manque d'antagonisme.
En plus d'être interminable ça verse même parfois dans une sorte de démagogie et de complaisance un peu douteuse sur certains aspects. Il n'y a pas du tout ce cynisme auquel je m'attendais dans ce que ça veut pointer du doigt. C'est trop gentillet.
C'est très dommage car sur le papier le concept est génial mais là c'est beaucoup trop boursouflé, confu... Je n'ai jamais vraiment réussi à entrer dans le délire du Plan... Ça essaye un peu vainement de dénoncer l'exploitation du besoin de croire des gens, le mode de fonctionnement des maisons d'édition de livres mais tout ça n'est jamais très palpitant.
Bref, autant j'ai adoré 《Le Nom de la rose》, autant ce 《Pendule de Foucault》ne m'a pas convaincu. À la longue ça devient même une sacrée purge à lire.