Retour de lecture sur "Le petit copain" deuxième roman de Donna Tartt, publié en 2003, 10 ans après son premier roman bien plus connu "Le maître des illusions". Ce livre raconte l'histoire d'une gamine de 12 ans qui vit dans l'état du Mississippi au cours des années 70 au sein d'une famille totalement disloquée suite à l'assassinat de son frère, cela peu de temps après sa naissance à elle. Elle décide de le venger et cette vengeance devient alors une quête initiatique au cours de laquelle cette jeune fille, Harriet Cleve, sera confrontée au monde des adultes et à sa dureté. Elle affrontera ainsi une famille de malfrats totalement disjonctés, très éloignée de son milieu habituel. Ce livre est particulièrement impressionnant par la qualité et la justesse avec laquelle l'auteure nous décrit cet endroit perdu du Mississippi. On a vraiment l'impression d'y être. Tout y est, les champs de coton, la torpeur du sud, les grandes bâtisses avec colonnes, le blues, la domestique noire, les friches abandonnées...On évolue dans un univers digne de Faulkner. Les personnages sont tous très bien travaillés et détaillés, avec une psychologie très riche, notamment pour le personnage principal, Harriet, qui malgré son comportement d'adolescente reste très attachante. L'écriture de Donna Tartt est très belle, poétique et envoûtante avec une qualité descriptive exceptionnelle. le livre a néanmoins quelques passages à vide, clairement soporifiques, notamment après le premier tiers. Mais une fois passé ce cap, il se lit de manière très agréable, malgré le fait qu'il ne se passe finalement pas grand chose. Ces passages à vide semblent totalement assumés par Donna Tartt. Elle déroule son histoire sans vraiment s'occuper du lecteur. Aucune concession n'est faite, que ce soit pour la longueur du roman, le niveau élevé de détails, le peu de repères de datation ou pour l'intrigue principale, le meurtre du frère. Ce meurtre, qui est pourtant le point de départ de toute cette histoire, devient lui-même presque secondaire. Contrairement à ce que l'on pourrait croire au début du roman, on n'est pas vraiment dans un polar mais plutôt dans un roman d'aventures. La principale force de Donna Tartt, est d'arriver à nous captiver avec juste un climat, un environnement, et des personnages tous magnifiquement bien travaillés. Au final, un livre un peu long, avec quelques passages ennuyeux, mais une expérience de lecture qui reste passionnante.