Le Petit Héros par Chigaliev
Dostoïevski aimait beaucoup les enfants, il disait que l'âme et les secrets enfantins le passionnaient. Sa vie de "forçat littéraire" ne lui laissait pas le temps de s'occuper des enfants comme il l'aurait voulut.
On trouvera dans "Le petit héros" l'analyse d'un ces types d'enfants. Sorte d'autobiographie, il s'agit la d'un enfant de onze ans. Des le début du livre, on s'aperçoit que le milieu dans lequel le petit héros évolue est le plus antipédagogique qui soit :
"Le bruit et la gaîté y étaient continuels. Il semblait qu'on y donnât une fête qui ne devait jamais finir. A chaque instant de nouveaux hôtes arrivaient. Les distractions y allaient leur train, avec le bavardage et la médisance."
On imagine l'influence d'un pareil environnement sur la nature impressionnable d'un enfant. Notre héros va tomber amoureux d'une femme digne de respect, à l'âme tendre et vibrante:
"A côté d'elle, chacun se sentait pour ainsi dire plus à son aise, plus au chaud. Il y avait quelque chose dans son visage qui lui attirait du coup et infailliblement toutes les sympathies."
Une telle femme ne semble pouvoir inspirer que de bons sentiments, et en vérité ce n'est elle qui est coupable des troubles du petit garçon. C'est plutôt la société qui entoure le petit amoureux. Les plaisanteries allaient bon train et par jeux on encourageait sa passion.
On dit que jalousie et l'amour sont inséparables. Notre jeune amoureux après avoir franchis l'étape des soupirs, des regards furtifs et de la contemplation, arrive vite à la seconde, ou l'on vise la possession complète et où l'on devient jaloux. Ce sentiment est éveillé chez l'enfant par la présence du mari de l'être aimé.
Notre jeune amoureux va ruminer dans son coin, tiraillé, persuadé que son élue ne peut être heureuse avec ce << gros sac bouffi, plein de sentences, de phrases à la mode et d'étiquettes de tous genre et de toutes couleurs >>.
Un soir, une personne déclare à table que M.M... a un rival follement épris de sa femme, qui n'est autre que le petit héros. L'âme tendre de l'enfant déjà trop souffrante ne peut supporter ce choc brutal et une réaction maladive ce produit.
Et le pauvre petit déconcerté perd la tête et va même jusqu'à risquer sa vie dans un élan de vanité et d'orgueilleux désir d'accomplir un exploit sous les yeux de sa bien-aimée.
Un heureux hasard sauve la vie du garçonnet, mais elle ne tenait qu'a un fil. Personne ne le réprimande, au contraire chacun s'empresse de louer son héroïsme.
Le lendemain dans le parc l'enfant joyeux, flâne. Il est par hasard témoin d'une scène de séparation entre sa dame et un autre prétendant, un hôte de la maison que l'enfant avec le subtil instinct de son cœur avait démasqué depuis longtemps. Un cadeau est fait à la belle, qui va le perdre.
C'est dans un sentiment de douceur extrême, reconnaissance pour le présent rendu pas le petit héros que le livre se termine, clos par un baiser des plus tendres tandis qu'un voile de mousseline tombe sur son visage comme pour le protéger du soleil brulant.
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