J'ai relu "Le Petit Prince". Juste comme ça, parce que j'avais le temps, pendant la cuisson d'un gâteau. Oui, le livre n'est pas très long à lire. C'est mieux pour un livre pour enfant. Parce que c'est un livre pour enfant. Non? C'est un livre pour enfant ?
Oui le petit prince est bien un enfant, et son récit sous forme de rite initiatique aux choses de la vie sied sans doute à merveilles à la lecture aux tout petits.
Mais pourquoi alors? Pourquoi ai-je constamment eu l'impression du contraire? Juste parce que je suis un adulte? Et pourquoi n'ai-je pas trouvé ça "Niais" ou "Moralisateur" comme dans les critiques négatives que je me suis plu à lire par curiosité ?
Commençons par le plus simple: La subjectivité. En dehors du fait qu'elle est évidemment une composante de toute critique elle a ici une grande importance due à la nature extrêmement simple et métaphorique du récit. Si je prend exemple sur ma propre expérience, je pourrais par exemple émettre l'hypothèse que lors de cette seconde lecture, ce livre as eu autant d'impact sur moi précisément parce que je ne suis pas un grand lecteur. L'apparente simplicité des situations décrites et de la forme du récit, outre qu'elle sont probablement a l'origine de la classification "pour enfants", permettent a mon esprit de faire constamment les parallèles a mon expérience personnelle.
Il est clair que l'Enfance prends tout naturellement une grande place dans cette histoire, qu'on imagine autobiographique, de Antoine de Saint-Exupéry. Mais de quelle enfance s'agit t-il ?
L'histoire du petit prince, telle que je l'ai ressentie, ne paraît pas décrire une expérience d'enfant telle qu'on l'imagine. Quel enfant serait aussi brutalement confronté, à tout ce qui semble constituer les aspects les plus vains et tristement vide de sens de la vie d'adulte?
C'est sans doute ici que se ressentirais cet aspect moralisateur et en partie niais que certain reprochent au récit. Mais au moins dans la lecture que j'en ai faite, je n'ai pas ressenti de rejet franc des comportements du Roi, du Vaniteux, ou même du Banquier. Ces personnages sont des allégorie de certains des comportement qui font de nous des adultes. Elle sont liées à l'exercice d'un pouvoir, au rapport à notre ego, ou à l'argent, et n'ont pas vocation à les décrédibiliser. Sauf, justement, à les considérer en l'absence de tout ce qui paraît "important" aux yeux du petit prince.
Car vous l'aurez compris, a mes yeux, le petit prince c'est Antoine lui même, ou du moins sa part d'enfant. Celle qui s'en vient à son bon souvenir à un moment important, ou l'aviateur risque probablement la mort. Elle pose la question de ce qui est réellement important au travers d'une part de nous que l'on a tendance a effacer avec le temps. Une part de nous qui, pourtant, semble toujours savoir avec certitude ce dont il est nécessaire de prendre soin parce que c'est important. Et c'est probablement cette certitude qui est gênante, tant elle semble mettre à mal et balayer d'un revers de la main toute les notions complexes et durement acquises par un adulte.
Pourtant je n'ai pas ressenti la vision du petit prince comme une injonction à tout rejeter pour des valeurs simples et naïves, pour la simple et bonne raison que les situations décrites peuvent difficilement trouver la même signification chez tous les lecteurs. Pour prendre un exemple je ne saurais même pas dire si la relation du petit prince à sa Rose constitue une métaphore d'une relation spécifiquement amoureuse, où plus généralement de toute relation humaine incluant rejet et incompréhension. Mais ça n'as encore une fois pas grande importance, tant l'appréciation du lecteur dépendra grandement de ses expériences sur la base desquelles le récit rentrera en résonance.
Ce que je sais dire par contre, c'est qu'à la lecture de la conclusion de ce roman, je suis persuadé de comprendre pourquoi il est si important de savoir si le mouton à mangé la Rose.
Et je sais également que si ce livre peux toucher tout un chacun autant qu'il m'as touché, alors il mérite probablement son titre de chef-d'oeuvre.