“Ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté.”

Citation de Benoît Granger


L'homme façonne l'art et l'art façonne les hommes, mais qui était là en premier? A vrai dire on ne le saura jamais. Cette question est d’ailleurs sans grande importance. Elle ne se sert qu’à déterminer si l'homme est finalement le prophète de cette religion ou si celle-ci lui est imposée par les ordres naturelles. Religion? Absolument, l'art de part ses différentes formes omniprésentes dans nos vies nous poussent à évoluer dans ce monde, à devenir une meilleure personne. Chaque œuvre est donc un rituel et chaque salle de cinéma, théâtre, musée ou même bibliothèque est donc un temple. L'art est donc la seule vraie religion, celle qui dans ses fondements mêmes permet l'instruction et le développement d'une façon neutre et sincère. Pauvre religion qu'est l'art, soumise au goût corrompu de certains hommes imposants leurs idées sous forme de totalitarisme ou religion, l'une et l'autre allant main dans la main vers une même finalité: la soumission du peuple à qui on retire le titre de créateur. Mais c'est sans oublier que si l'homme et donc ses idées sont éphémère, l'art lui est éternel, tant qu'il y aura quelque chose pour créer et faire de nos rêves des rêves éveillés. A ce juste titre nous avons tous une bible, souvent découverte jeune, elle va venir poser les fondements de notre personnalité et de nos idées, elle est la seule qui mérite vraiment le titre de texte sacré car ce livre là c'est nous qui l'avons choisi. Pour cette 200eme critique je vais donc vous parler de ma bible à moi, un livre écrit par un homme qui avait un peu trop la tête dans les nuages: "Le Petit Prince".


On a toujours eu l’habitude d’opposer le rêve à l’intelligence, il y a d’une part les artistes et de l’autre les scientifiques. L’auteur va donc commencer à détruire cette idée qui va complètement à contre-sens de son propos. L’histoire de ce fameux boa qui sera un symbole récurent de l’œuvre n’oppose pas l’artiste à l’intelligence, mais bien le rêveur au monde adulte. Dans ce dessin il y a aussi une part de biologie qui aurait pu mener le jeune auteur à une carrière de spécialiste des reptiles. Ce début sert vraiment à opposer l’innocence (et j’entends par là un point de vue innocent qui cache une curiosité et par extension une certaine forme d’intelligence) à un chapeau, symbole de la grande personne par excellence, inutile car ceux qui créent n’ont pas besoin de chapeau. En soit juste un attirail servant à faire adulte.
On nous met cependant très vite le décor de cette histoire : un désert, rien autour. Enfin non, si vous me suivez depuis assez longtemps vous saurez qu’un homme dans le désert n’est jamais vraiment seul, c’est de là qu’il faut essayer de comprendre d’où vient le Petit Prince. Son arrivée, aussi énigmatique que poétique s’exprime par une question, une question à première vu stupide et désuète mais qui marquera tellement son auteur que le livre est truffée d’illustrations. Mais si la question renvoie à la jeunesse de l’auteur, c’est bien la réponse des deux parties qui rend la chose évidente : L’arrivée du petit prince dans la vie de son auteur c’est un son retour à l’enfance qui revient, symbolisé par la phrase "Dessine moi un mouton", en soi une invitation au rêve.


L’arrivée du petit prince dans la vie de l’auteur marquera ici aussi un retour en arrière, lui qui avait un discours de grandes personnes avec le petit prince se retrouve à se moquer des grandes personnes et de leur dictature du regard. C’est à partir de là qu’on va commencer à réellement parler du petit prince, de son astéroïde B-612 jusqu’à sa rencontre avec l’auteur. B-612 c’est le chez-lui du petit prince, son monde à lui, qui se suffit en lui même et qui lui permet de vivre une vie tranquille, tant que l’on empêche les Baobabs, qu’on pourrait voir ici comme des ennemis à l’équilibre de l’innocence enfantin. Même jeune "Il faut cultiver notre jardin" comme disait Voltaire, mais c’est là qu’entra en jeu la rose, le rêve du petit prince, celui pour qui il a remué ciel et terre au détriment de sa petite vie tranquille. Cette vie lui était cependant peu commode, tout comme sa rose qui ne cessait de faire des caprices. C’est pour ça donc qu’il décida de quitter sa planète et son rêve, mais aussi car le petit prince l’a dit lui même, il est temps de grandir, de devenir un homme, il va donc explorer les possibilité de son avenir, d’où l’intérêt des planètes qui vont suivre.


Le petit prince va donc voyager sur quelques astéroïdes pour essayer de trouver son avenir, ce qu’il ne trouvera pas, car aucune des personnes qu’il rencontrera n’a tenté de voyager, ni même n’a essayé de faire le tour de son astéroïde, expliquons tout ça en détail :
Le monarque pense régner sur tout mais ne dirige en réalité rien, pire encore il ne sait pas ce qu’il gouverne, il ne sait pas ce qu’il se passe hors de son trône. C’est sans doute l’un des personnages les plus limité, car il ne sait pas ce qu’il se passe sur son astéroïde alors qu’il est tout petit. Pire encore, pour essayer de garder cette illusion de gouverner il va se plier aux demandes des gens de peur que son autorité inexistante soit remise en question.
Le vaniteux ressemble de prime abord au monarque mais fonctionne en vérité différemment, il est souvent seul est limité, il ne connaît rien de sa planète et s’en fiche, il n’a d’yeux que pour lui-même, c’est pour ça qu’il n’entend que les compliments sur lui, il a peur de sortir de son illusion.
Si le buveur ne tient que quelques lignes, c’est qu’il a refusé d’être une grande personnes. Il a commencé à boire pour oublier qu’il avait échoué à devenir adulte, puis à continuez car il voulait oublié qu’il avait échoué, mais de cette spirale ne sort finalement que la tristesse et la honte qu’il espère tant fuir.
Le businessman est facile à définir tant les gens auront après le petit prince, de cesse de s’en moquer. Il dit posséder des chose qui n’existe pas pour devenir plus riche et gagner de l’argent qui ne lui sert à rien, surtout qu’il est complètement stupide de posséder une étoile. Il serait infiniment plus riche si il avait décidé de faire le tour de son astéroïde.
Même si l’allumeur de réverbère est factuellement plus utile que les autres, sa soumission et son manque de questionnement sur l’absurdité des ordres le rend fatalement aussi ridicule que les autres.
Le dernier était sans doute, avec sa grande planètes et son envie de découverte, celui aurait pu le plus intéressé le petit prince. Mais le problème du cartographe est son manque de courage à explorer sa planète, lui préférant resté cloîtrer dans son petit chez lui, faisant de lui un homme tout aussi ridicule que ceux vus précédemment.
Et pourtant, devant ces portraits tantôt pitoyables tantôt amusant, le petit prince n’aura qu’une seule réponse "Les grandes personnes sont décidément bien bizarres" comme si il avait compris qu’il ne pouvait pas aidé ces pitoyables gens, trop bernés par leurs propres illusions, la seule chose qu’il avait à faire c’est de ne pas reproduire leurs erreurs.


C’est une fois ce parcours accompli qu’il pourra finir son voyage sur Terre, la planètes des adultes. Et pourtant ces adultes on ne les voit pas beaucoup, on évoque un chasseur, et donne deux tous petits textes sur un aiguilleur et un marchand, l’un rappelant au petit prince qu’une fois devenu une grande personne on ne peut plus avoir beaucoup de rêve, car on bouge beaucoup pour pas grand et l’autre qu’à force de sauver le temps ont le condamne, car celui-ci est plus digeste quand on peut poétiquement le sentir glisser au rythme des saisons.
Sur Terre, le petit prince fera la connaissance tout d’abord du serpent, de la mort qui est quelque chose de peu perceptible dans notre jeunesse, il s’amuse à rester énigmatique sur ses fonctions, mais il est très clair sur une chose « les énigmes, il les résout toutes ». Il va ensuite rencontrer un champs de fleurs, voir les rêves des autres et se rencontre de son rêve n’est pas unique. Mais sa plus bele rencontre est sûrement celle du renard, un être qui lui a appris beaucoup de chose, sur l’amitié, l’acceptation de la tristesse car celle-ci est une conséquence directe de la joie (Tien tien est-ce que vous connaissez un certain Vice Versa ?) et plus généralement sur le fait de devenir adulte.
Le narrateur a donc, au travers du Petit Prince, réussi à vaincre son passé pour devenir un adulte, il a réussi à trouver de l’eau et à réparer son avion. Mais c’est là donc que le travail de l’enfant se termine et qu’il doit faire ses adieux à son lui adulte. Il est donc temps d’appeler le serpent… Et je n’ai pas envie d’en dire plus, c’est une histoire de grande personne de faire pleurer avec des mots, nous nous savons que le mieux est de pleurer avec de belles rencontres, alors redécouvrez ce petit livre, relisez son final, pleurez avec vos yeux, souriez avec votre cœur.


L’ultime dessin de son auteur est d’une grande intelligence, il invite par des traits simplistes à vous représenter ce dessin partout, que vous soyez en France ou au beau milieu du désert du Sahara. Chacun d’entre nous doit faire face tôt ou tard à son enfance, pour sortir de son désert et devenir un adulte. Ça sera sans doute le plus beau et le plus triste paysage du monde, mais c’est un passage obligatoire pour tous les hommes. La dernière phrase tombe sous le sens, il vous demande de retrouver le petit prince, votre petit prince, et de lui faire part de votre histoire, pour qu’ainsi vous puissiez devenir des adultes, sans pour autant être une grande personne, car c’est là toute la force du petit prince, car c’est là l’une des dernières paroles de son auteur, un jeune homme meurtri par la guerre, mais qui a su, au prix de terribles efforts, garder son regard enfantin.


La disparition de notre narrateur, un certain Antoine de Saint-Exupéry a appauvri le monde, et beaucoup de grandes personnes ont cherché sans relâche un corps. Elles ont même réussit à trouver des pièces de son avion, apparemment détruit en mer Méditerranée. Cela a suffit à rendre les grandes personnes heureuses mais nous nous n’en avions pas besoin, car nous savions le jour même de sa disparition qu’il a juste lesté du poids pour aller dans les étoiles et ainsi revoir le petit prince. Si vous levez la tête une nuit peu obscurcie par les lampadaires des grandes personnes, vous le verrez peu être même voler avec son avion, libéré de tout.

Lordlyonor
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le 22 mars 2021

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