Le pianiste blessé est avant tout le récit d'une amitié brisée. Celle de Marieke, la narratrice, introvertie et altruiste, et de Veronica, séduisante et égocentrique. Deux tempéraments opposés et une envie commune de ressembler à celle que l'on ne peut pas être. Vaste sujet, le mieux traité dans le livre, mais qui se confronte à beaucoup d'autres : la création artistique, la vie de couple, la mémoire, etc. Depuis Les oreilles de Buster et Le peigne de Cléopâtre, l'on sait que la suédoise Maria Ernestam a le chic pour entraîner ses lecteurs dans des histoires plus ou moins abracadabrantes dès l'entame de ses romans. Dans Le pianiste blessé, Marieke est sur le point d'envoyer un mail à Veronica, qu'elle n'a pas revue depuis 10 ans. Avant qu'elle ne clique sur l'icône "Envoyer", près de 400 pages vont passer pendant lesquelles les souvenirs vont affluer, narrant dans le détail les relations entre les deux héroïnes, après la mort de la bienveillante Klara, tante de Veronica, dont certains secrets restent à découvrir. Entre la Malaisie et San Francisco, l'intrigue va dérouler son ruban d'informations forcément éloignées de l'image de celle qui a disparu. Et cristalliser l'animosité entre deux femmes qui vont, de plus, chacune tomber amoureuse d'un ténébreux pianiste au lourd passé. Bref, c'est un récit aux multiples circonvolutions, très romanesques et sentimentales, mais un peu lourdes dans leur enchaînement et qui débouchent parfois sur une philosophie sentencieuse. Dans l'ensemble, un livre relativement agréable à lire mais un peu trop chargé et rocambolesque voire mélodramatique (l'incendie).