"Le plus court chemin" est une autobiographie fragmentée dans laquelle Antoine Wauters raconte son enfance passée près de Comblain-au-pont. Endroit qui est à la fois fait de campagne et de carrières de pierres.
L'auteur nous donne à lire son enfance en petits chapitres à la façon des pièces d'un puzzle servant à reconstituer une image, une photographie que l'auteur cherche à partager, mais surtout une atmosphère, une ambiance, des sons, des odeurs, des marques des produits usités, etc. Ainsi que des noms propres d'adultes et d'amis, de copains, des gens de la famille, le tout baignant dans un environnement de paysages de campagne, de terres à cultiver, de jardin à travailler. Et venant coloriser le tout, l'auteur nous transmet les émotions (l'ennui, la solitude, la joie, les petits plaisirs, les relations, l'école, etc.) qu'ont suscité le côtoiement et la fréquentation quotidienne de cet univers familial.
Et d'autre part, en même temps qu'il nous donne à voir son enfance, l'auteur cherche à comprendre en quoi cette enfance a été constitutive du terreau qui va, plus tard, éveiller en lui un désir d'écrire et par la suite, sa vocation d'écrivain. Il trouvera des réponses notamment dans le langage usité autour de lui durant l'enfance comme les mots et les expressions qu'il entend prononcer tous les jours. Un environnement familial du premier cercle auquel va se juxtaposer un second, celui des oncles et des tantes d'origine flamande. Ce cercle va aussi apporter au petit garçon, des sonorités langagières. Et les deux cercles vont alimenter sa mémoire en mots et en langage. Partant de là, Antoine Wauters va mener une profonde réflexion sur sa condition d'écrivain et à quoi, selon lui, l'écriture lui sert et lui est nécessaire.
Tout ceci pour dire qu'Antoine Wauters nous offre à lire là, sans doute, un de ses livres les plus intimes. Et selon moi, un de ses meilleurs livres. Les chapitres où il décrit son enfance est un agencement subtil de nostalgie, de mélancolie et de joies. On sent à la lecture que l'écriture de ses chapitres ont fait l'objet d'un travail minutieux. Les mots ont été choisis et pesés afin de condenser au maximum le récit et éviter de trop longues descriptions qui auraient pu rendre pesante la lecture. On reconnait bien là le style d'Antoine Wauters déjà éprouvé dans ses livres précédents.
En résumé, un très beau livre. Une lecture émouvante des chapitres dédiés aux souvenirs de l'enfance, couplée à une belle introspection réflexive sur l'écriture et la condition d'écrivain.