Au début, c'est un régal. Plein d'images farfelues, de mots qui font des bulles et fondent sous la langue. Seulement, au bout d'un moment, trop de richesse imaginative devient épuisant.
Entendons-nous bien : l'univers linguistique est d'une saveur sans pareille, et devient une ballade à lui tout seul. En fait, on s'en rend bien compte, le style est sans doute l'objet principal du livre, dont le scénario ne serait qu'un instrument, qu'une démonstration malicieuse. En tout cas, c'est le sentiment que j'en ai retiré : celui d'une parade littéraire, ravissante aux premiers abords, mais pompeuse sur la longueur.
Alors non, je ne condamne pas la démarche de l'écrivain, car l'ayant déjà rencontré j'atteste de la « pétillance » naturelle de son être. Je ne me sens donc pas snobée, c'est déjà ça : d'ailleurs, l'œuvre est bien trop rêveuse, avec une saveur même naïve, pour que l'on se croit en face d'un aspirant académicien qui étale le dictionnaire. Ce n'est pas prétentieux. Il n'empêche qu'à la légèreté inspirée par l'écriture succède bien vite la lourdeur presque pâteuse de nos cerveaux saturés d'images qui se démènent pour essayer de se représenter trois figures de style à la ligne.
Au final, j'en ai gardé la même impression que celle d'un moelleux au chocolat : c'est délicieux à la première bouchée, mais vite bourratif. Le livre est petit, et c'est de fait tout à son avantage. C'est une pièce à déguster par petits morceaux, du bout des lèvres pour en apprécier pleinement la saveur. Parce que, tout de même, elle vaut le détour. On sait que cela va nous peser sur l'estomac, mais on reprend toujours bien un peu de moelleux au chocolat.