Le Poids du papillon par jerome60
D'un coté, il y a le roi des chamois. De l'autre, un vieux braconnier, alpiniste et chasseur réputé. Ces deux là s'épient, se cherchent, se croisent depuis des années. Solitaires et taciturnes, ils savent qu'ils arrivent au bout de leurs chemins respectifs. L'animal voit sa force décroitre. Il ne pourra bientôt plus vaincre les jeunes mâles qui le défient régulièrement pour prendre la tête de la harde. A 60 ans, l'homme veut relever un dernier challenge et abattre le seul chamois qui lui ait toujours échappé. Deux forces exceptionnelles face à face. Un duel que chacun sait perdu d'avance...
L'écriture de De Luca est parfaitement épurée, à la fois réaliste et poétique, grattée jusqu'à l'os, aussi dense que recherchée. Une prose contemplative, riche d'odeurs et de sensations. Il y a dans ce court roman toute la rudesse et la beauté de la nature. Les deux personnages n'en font qu'un. Chez l'homme et le chamois, on retrouve les silences, les hésitations, les certitudes. Le même regard posé sur la fugacité de la vie.
Le poids du papillon est une fable, une parabole sur le coté immuable de l'existence. Quoi que l'on fasse, la fin sera la même pour tous. Le dénouement tragique et fusionnel qui unit à jamais les deux protagonistes n'a rien de désespérant, bien au contraire. Finalement, on peut voir dans ce texte une réécriture du combat entre Moby Dick et le capitaine Achab, le bruit et la fureur en moins.
Un texte magnifique et rare, loin de toutes les modes littéraires actuelles. De Luca est décidément un conteur au talent exceptionnel.