"Or la petite espérance / Est celle qui toujours commence"
Dans ce long et somptueux poème de cent-cinquante pages, Péguy laisse la parole à Dieu. C’est un monologue lyrique, qui décline les trois vertus théologales : la Foi, la Charité et l’Espérance. Cette dernière est la plus difficile à atteindre, et la plus belle. Symbolisée par l’enfance, par son innocence et son inconscience, elle seule peut transcender l’humanité. Ce texte, très rétrograde, s’inspire des mystères médiévaux, ces pièces de théâtre centrées sur des légendes et autres croyances populaires. Mais la beauté du style de Péguy nous donne à entendre une voix vivante, urgente, intemporelle.
Extrait :
La nuit est ma plus belle création.
Or pourquoi l’homme n’en use-t-il pas. On me dit qu’il y a des hommes qui ne dorment pas la nuit. (…)
Les enfants savent très bien. Les enfants voient très bien.
Et ce sont les jours qui sont discontinus. Ce sont les jours qui percent, qui rompent la nuit
Et nullement les nuits qui interrompent le jour.
C’est le jour qui fait du bruit à la nuit.
Autrement elle dormirait.
Et la solitude, et le silence de la nuit est si beau et si grand
Qu’il entoure, qu’il cerne, qu’il ensevelit les jours mêmes.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.