Le Portrait de Dorian Gray par Leo Landon
Il est vrai que les envolées philosophiques et pontifiantes peuvent agaçer, ce que je comprends parfaitement aux vues de leur foisonnante présence. Cependant, ce livre demeure pour moi une bible de l'esthétisme, un esthétisme désabusé, désinvolte, et toujours poussé par cette irrationnelle (et en même temps rationnelle...) recherche du Beau, qui, pour Gray, correspond parfois au Bien et au Vrai.
On se souvient de Todorov et de son ouvrage sur la littérature fantastique. Et Wilde de nous offrir une parfaite tension, une incertitude, un nébuleux tableau où nos émotions se mêlent, s'entremêlent et se font échos. Le Portrait est l'occasion magnifique pour nous montrer à quel point la perversion peut aller loin, cachée dans les tourbes marécageuses d'une âme troublée. Troublée par Lord Henry et ce livre mystérieux. Combat de soi contre soi, un diable (Henry) et un ange (Basil) : Wilde ne disait-il pas que l'homme contient en lui ciel et enfer?
Dandy, tout comme son style. La Beauté, reine de vie et reine de mort.
Chapeau à cet Anglais donc, qui, en un seul roman, a réussi à éblouir nos sens et nous faire comprendre que l'hédonisme, aussi beau soit-il, peut se révèler et aveuglant et délétère.
PS : Trois lectures sporadiques, qui, à chaque fois, m'apportèrent étonnement et émerveillement. Une mine d'or pour les futurs écrivains, car comme disait Rimbaud, il faut être "absolument moderne", et je pense que Wilde représente outrageusement bien cet adage.
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