Le Portrait de Dorian Gray par Nananah
Ma note est un peu sévère. J'aurais peut-être pu me laisser tenter à lui mettre un 5. Mais la quasi-unanimité sur ce livre me donne envie de bien marquer ma déception suite à la lecture de ce classique dont j'attendais beaucoup. Personne ne lui a mis moins de 8 chez mes éclaireurs, mais malheureusement aucun de l'a critiqué, j'aurais aimé savoir ce qu'ils ont trouvé de si génial à un livre au fond caricatural et à la forme prétentieuse.
Détaillons.
Déjà, le style. Pardonnez ma vulgarité, mais on n'est même plus au stade de l'auteur qui se regarde écrire, là, on est peut-être déjà à celui où l'auteur se masturbe en relisant ses brouillons. Une formule toutes les 3 lignes, c'est pompeux, c'est prétentieux, et surtout c'est assumé, puisque Wilde en profite pour glisser que le style est le seul critère de qualité d'une oeuvre, et que d'ailleurs (préface) on ne classe les livres qu'en deux catégories : bien écrits, ou mal écrits. Très bien.
Remarquez, ça ne suffit pas à me mettre une oeuvre à dos. Parfois, malgré tout, c'est très bien. Exemple : j'aime beaucoup Hugo, et je suis bien forcée de reconnaître qu'Hugo est put*** de pompeux et prétentieux.
Non, le problème surtout, c'est le fond. Passe encore qu'on glorifie la beauté adolescente au détriment de la beauté adulte : je fais partie des gens qui trouvent plus beaux des gens de 30 ans que des gens de 15. Mais c'est une histoire de goût. En revanche, la caricature du plaisir réduite à un monde de vices, le manque absolu de subtilité dans des personnages tout noirs ou tout blancs, ça ce n'est pas pardonnable.
Dorian Gray est un adolescent benêt, qui du jour au lendemain, parce qu'un type qu'il vient de rencontrer lui sort 3 belles phrases sur la beauté et lui prête un livre olé-olé, plonge dans le monde du vice, vous y avez cru vous ? J'ai assisté à cette métamorphose avec autant d'émotion que j'ai regardée celle d'Anakin en Dark Vador dans la Revanche des Siths. Les vices s'écrivent sur la face ? T'es beau donc t'es vertueux ? Non mais sérieusement. Pourtant, ça aurait pu être intéressant.
Mais réduire le plaisir au vice, c'est moche, c'est bas, car le vice n'est pas dans le plaisir mais dans l'excès. Aucune mesure dans cette catégorisation des gens en vertueux et vicieux, pas de réflexion sur un équilibre à trouver, aucune subtilité, sans compter qu'on est bien obligé de croire Wilde sur parole puisque de vice, en pratique, on n'en voit que très peu. Une vague relation adultérine, des soirées de débauche et puis de l'opium et quelques prostituées, bon, ça casse pas non plus trois pattes à un canard. Fan absolue des Liaisons Dangereuses où la cruauté, l'égoïsme et l'hypocrisie des relations humaines est peinte avec une effroyable crudité, j'ai été déçue de cette caricature de vice qu'on m'a agité sous le nez pendant 200 pages comme un épouvantail.
Je dois avouer que la deuxième partie du livre est mieux passée. Une fois admis que Dorian Gray est le pire des connards que la terre ait porté, bon, on lit ce qui lui arrive et basta. Et puis Lord Henry est moins présent, donc on a moins envie de lui casser les dents. Mais la première m'a vraiment laissé une mauvaise impression. Comme si avec une thématique très intéressante, Wilde était tombé dans la facilité.
C'est comme ça, des fois, des livres ne nous parlent pas. Dommage pour celui là, je suis peut-être passée à côté de quelque chose, en le lisant trop tôt, ou trop tard, ou pas au bon moment. Ou alors, tout simplement, ce n'était de toute façon pas un livre pour moi. Il y a trop de bons livres pour que l'on perde du temps à se mettre d'accord sur un seul d'entre eux !
Ceci dit, une telle unanimité continue à m'étonner.