Enfin un peu de réalisme en littérature YA !
Ce 3ème tome m'a fait une excellente impression. Honnêtement.
C'est rare que de la littérature jeunesse montre (malgré un style parfois simpliste) une telle maturité dans l'intrigue et l'évolution des personnages. C'est rare que la littérature jeunesse ne tombe pas dans la facilité d'une intrigue manichéenne, aux personnages principaux surhumains ou au contraire faiblards-tu-comprends-les-pauvres. C'est rare que de la littérature jeunesse surprenne autant son lecteur, le frustre, le fasse vibrer, pleurer, rire, l'emmène où elle a décidé de l'emmener depuis le début sans tenir compte de ses envies, pour finalement le laisser vidé et heureux de ce voyage qu'il vient d'effectuer.
C'est rare que de la littérature jeunesse ose raconter des histoires sombres. Des histoires dures. Des choses horribles où l'humanité des personnages peut se déliter, sans espoir d'en ressortir indemne, où les valeurs n'existent plus, où la fin peut, parfois, justifier les moyens. Des événements dont on ne guérit jamais. J'en ai lu beaucoup, et tout cela n'est pratiquement jamais abordé, en littérature jeunesse. Ca rend pour moi la trilogie de Suzanne Collins d'autant plus intéressante.
Je suis contente d'avoir lu cette trilogie en anglais. Car pour ne pas me perdre, j'ai dû ralentir ma lecture. En français, j'aurais voulu aller tellement vite que je n'aurais pas savouré cette fin de trilogie. Là, je faisais une pause après chaque chapitre, je lisais les articles de blogs correspondant au chapitre que je venais de lire sur markreads.net [site que je vous conseille d'ailleurs, je trouve le concept génial], ce qui me permettait d'assimiler ce que je venais de lire. Car oui, le final arrive très vite. Il se passe énormément d'événements en peu de temps. Et c'est tout à fait cohérent.
Car Katniss, l'héroïne, n'est qu'un outil d'une rébellion qui la dépasse. Leader affiché, elle n'est en réalité qu'un pion dans une partie qu'elle ne contrôle pas, et Collins a réussi à rendre cela parfaitement clair dans les alternances de rythme tout au long du livre. C'est là la force de cette trilogie : les états d'âmes des personnages, leur évolution, l'impact de ce qu'ils vivent, rien n'est minimisé ou passé à la trappe, rien n'est dramatisé non plus. Ca m'a beaucoup touché, j'ai trouvé ça traité de manière assez objective et réaliste. Pour les mêmes raisons, je trouve l'épilogue parfait. Une fin bâclée ? Non. Au contraire. Une fin tout ce qu'il y a de plus réaliste. Frustrante, certainement. Mais tellement plus crédible qu'un épilogue à la Harry Potter, ou qu'un Twilight, franchement...
Je crois pouvoir dire que c'est ce que j'ai lu de mieux en YA depuis pas mal d'années. Merci, Suzanne Collins, de ne pas avoir cédé à la facilité. De nous avoir autant baladés pour nous faire lire ton histoire, et pas celle qu'on aurait voulu que tu écrives.