Que se passe-t-il quand Margaret Atwood promeut un ouvrage ? Margaret Atwood, icône de la figure féminine forte dans ses romans, qui a tant fait parler d’elle suite à la brillante adaptation en série de son livre La Servante écarlate. Cela donne un livre électrochoc ! Le pouvoir de Naomi Alderman, acclamé par la presse et les libraires, est comme le dit si bien Madame Atwood « électrisant ».
Et si un jour les femmes devenaient le sexe fort, grâce à un mystérieux pouvoir qui procure la capacité d’envoyer des décharges électriques ? Tel est le postulat un peu déroutant du roman. Ce qui pourrait paraître casse gueule s’avère tout simplement brillant dans les mains d’une auteur de talent.
La littérature de genre, qu’il s’agisse du fantastique, de la fantasy ou de la science-fiction, est encore mal perçue en France, considéré comme étant moins prestigieuse que la littérature blanche. Et pourtant depuis quelques temps, les grandes maisons d’édition commencent à publier des écrits dans ces domaines, sans les séparer de leur catalogue, permettant ainsi de les démocratiser. Car sans équivoque, Le pouvoir s’avère une dystopie dans laquelle l’humanité entreprend une nouvelle ère, une société qui pourtant ne semble pas les conduire au bonheur.
Tunde photographia le corps avec une grande application. Il voulait
capturer la beauté qui se niche parfois dans la cruauté et l’abjection
que peut révéler l’ingéniosité d’une composition.
Si au premier abord, le roman s’inscrit dans un contexte féministe fort, c’est aussi une critique évidente de l’extrémisme, qui conduit nécessairement à l’auto-destruction. Non les femmes ne sont pas les grandes gagnantes. Peu importe le sexe, le pouvoir absolu détruit celui qui l’habite. Moyennant des fac-similés archéologiques et en multipliant les points de vue, sous forme d’un récit choral, et sources historiques, le récit souhaite recréer le travail d’un historien qui voudrait pouvoir rétablir la vérité. Le pouvoir fait échos à un livre français sorti en 2016, Les sorcières de la République écrit par l’excentrique Chloé Delaume, mais s’avère plus fin et hypnotisant que celui-ci, et se conclue magistralement sur une pointe d’ironie.
Bien écrit, fascinant à tout instant, dérangeant parfois, Le pouvoir est un véritable électrochoc.