Le Premier Homme par ngc111
Je suis d'accord avec ceux qui comparent ce manuscrit non terminé de Camus avec les œuvres de Pagnol se remémorant son enfance. On y retrouve cette même façon de raconter les anecdotes drôles d'une période que Camus considérait surement comme bénie malgré la pauvreté de sa situation. On retrouve toute la richesse humaine dans certains passages tels que la partie de chasse. Cette dernière est d'ailleurs un élément omniprésent dans la littérature (chez Pagnol encore, ou chez Tolstoï) lorsque l'auteur veut faire constater au lecteur les émotions simples mais marquantes que les relations humaines peuvent apporter à l'occasion d'une réunion de plusieurs personnes autour d'un prétexte pourtant simple, voir primitif dans son but poursuivi.
Les scènes se succèdent dans un bon rythme et l'on s'amuse de la cocasserie des situations au cinéma, on compatit à l'effroi de Jacques lors de l'égorgement de la poule par la grand-mère...
Ah cette grand-mère que l'on pourrait détester avec notre œil de la nouvelle génération qui ne cesse de quémander liberté, compréhension et confort mais que Jacques, lui, respecte et aime malgré sa sévérité.
Et cette mère, analphabète, qui ne quitte pas sa fenêtre et observe l'animation de la rue tel un poste de télévision d'autrefois. J'ai trouvé ce personnage triste à pleurer, elle m'a ému quant on songe à la vie qu'elle a mené, cette simplicité tellement extrême qu'elle en devient une prison.
A l'opposé on a l'instituteur, cultivé et ambitieux pour son élève, un professeur que les élèves d'aujourd'hui admireraient surement. Lui aussi peut-être dur mais tellement juste à la fois...
Camus nous a livré un récit autobiographique à l'écriture délicieuse, aux personnages aimants et aimés, décrivant une situation difficile, où le peuple souffre, a souffert, de la guerre, de la pauvreté et de sa condition de vie.