Le Premier Sexe
4.7
Le Premier Sexe

livre de Eric Zemmour (2006)

Zemmour aborde des thématiques qui me sont chères et sur lesquelles je me dois de commenter.


La première est la parure.

Nietzsche disait "la femme n'aurait pas le génie de la parure si elle ne savait pas d'instinct qu'elle jouait le second rôle."
L'homme apprend désormais à se parer.

Certes, c'est beaucoup ce qu'on retrouve dans les mouvements drag queen et transgenre, qui ne représentent toutefois qu'une minorité d'hommes. Mais il ne faut pas oublier qu'un sondage auprès des hommes aura toujours pour résultat majoritaire qu'ils ne donneraient leur place d'homme pour rien au monde. Un sondage auprès des femmes donne des résultats bien différents, sous-entendant que l'homme récupère les attributs de la femme sans pour autant vouloir se départir de sa position masculine.


Ensuite, le mariage et le divorce.

L'église ne voulait pas changer l'homme, mais canaliser ses appétits. Les dissimuler aux regards pour faire croire qu'ils n'existent pas. La modernité ne diabolise pas le sexe, elle l'assume très bien. elle est libérée. Elle respecte la liberté de chacun et les droits de l'homme, c'est pourquoi elle tolère moins les déviances, les perversités, le sexe pour le sexe. Pour moderniser l'homme, il faut dénoncer son propre père, casser la chaîne de père en fils.
Le patriarcat, c'est l'accumulation des petits et grands secrets, le matriarcat, c'est la transparence, la mise à mort de tous les secrets, la fusion placentaire. C'est l'homme qui doit se transformer. Lier sexe et sentiment, pulsion et fidélité, sexe et famille.
Stendhal dans le rouge et le noir explique que désir et amour ne font pas bon ménage - ils sont antagonistes. Plus on aime, plus on a du mal à faire l'amour. Plus on adule, plus on respecte, moins on bande. C'est le syndrôme trop belle pour moi. d'où le besoin de découper la femme en bouts de désir et de fantasmes - seins, jambe, pied, hanches etc.
Dès le milieu du XVIIeme siècle, Molière avait brocardé les précieuses ridicules et femmes savantes qui préféraient le savoir au plaisir et cherchaient à contrôler le language. A la fin du siècle, des réactions antiféminines se précisent via Rousseau, les anti-Marie-Antoinette et Hugues Capet. La révolution française est machiste.

Zemmour justifie ainsi tout simplement l'objectification des femmes comme étant le seul moyen ppour les hommes de rester de vrais hommes.



Lorsque le divorce a commencé à être possible, les femmes l'ont provoqué en masse, heureuses de pouvoir mettre fin à une situation qui ne les rendait plus heureuses. Les hommes ne demandent pas le divorce, possédant la facilité de posséder maîtresse et femme sans nécessiter.

La différence toutefois entre ce qui fait divorcer un homme et une femme est flagrante - les femmes divorcent essentiellement par ras-le-bol de travailler pour deux gratuitement. Les hommes divorcent beaucoup plus à cause des dépenses de leur conjointe ou d'infidélité.

Ce que suggère Zemmour est clair: pour que les femmes restent heureuses, elles devraient trouver raison à leur couple dans Dieu et accepter leur situation soumise.


Les hommes ne restent pas souvent seuls. Les femmes si. Le rôle du père était ingrat: ils devaient séparer la mère du fils, le sortir de a fusion originelle, l'ouvrir au monde. Ils devaient subir la fureur du fils et de la mère. Etre le salaud. Ce rôle de père leur pesait depuis des millénaires. avant ils ne s'en occupaient pas beaucoup mais ils les nourrissaient et représentaient la virilité, la loi. Les nouveaux hommes en ont assez d'incarner la loi. ils ont voulu incarner l'amour, la vie. Les papa poules. Puis ils s'en sont lassés. Les hommes paient pour se débarrasser de leurs responsabilités. Les femmes seules n'ont jamais été aussi nombreuses.

Comme les femmes se sont elles-mêmes dépouillées des liens anciens que tissaient la religion, le devoir, le sentiment de protection que l'ont avait inculqué aux hommes, elles sont obligées de faire appel à la société, à la loi, au pouvoir coercitif pour rattraper les hommes égaillés. Les lois empilent les obligations alimentaires du mari. On adopte une loi égalisant les destins des enfants légitimes et ceux des enfants naturels. On transmet ainsi un message à l'homme: tu seras obligé de reconnaître tous tes enfants et de subvenir à leurs besoins.
"On fait tout pour aider la femme à forcer l'homme à devenir père".

Il n'a pas tort. Le XXIème siècle et l'égalité des hommes et des femmes en droits voit la loi être utilisée afin de mettre la femme équitablement sur ler même pied d'égalité que l'homme.

Puisque la femme ne peut y arriver seule, la loi la sert.


L'avortement, autre conquête historique - "notre corps nous appartient" - les hommes n'ont rien compris. Ils pensaient que les femmes coucheraient avec qui bon leur semblerait, sans injonction de leur père ni de leur mari. mais elles pensaient à leur ventre, leurs enfants. Elles voulaient dire - nos enfants nous appartiennent.

Ce passage est éclairant. Les hommes pensaient que les femmes, en souhaitant le droit à l'avortement, allaient coucher avec tout ce qui passe et avorter autant que possible si les barrières habituelles n'ont pas réussi. Mais les femmes ont en fait pris le droit à l'avortement comme une autre manière de marchander des pensions alimentaires.

Noudj
4
Écrit par

Créée

le 28 sept. 2024

Critique lue 1 fois

Noudj

Écrit par

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur Le Premier Sexe

Le Premier Sexe
Yupa
2

Extrêmement décevant

Notre ami polémiste et néanmoins journaliste nous promet une analyse à ébouriffer Simone, à faire pleurer une chienne de garde. Ma conscience politique basée sur l'éternelle remise en cause ne...

Par

le 14 sept. 2010

22 j'aime

4

Le Premier Sexe
Fade_Out
1

Critique de Le Premier Sexe par Fade_Out

Un concentré de vieilles idées réac tellement idiotes que c'en est presque drôle. Pour Eric Zemmour, il faudrait revenir au bon vieux temps où l'on ne pouvait pas divorcer et où les hommes avaient...

le 27 sept. 2010

15 j'aime

1

Le Premier Sexe
Clment_Nosferalis
1

Critique de Le Premier Sexe par Clément Nosferalis

Ce livre est à lire comme on regarde "La Vengeance" de Morsay : une plongée dans ce que la bêtise et la nullité ont produit de plus profond à notre époque. A chaque page, on croit avoir atteint le...

le 3 juin 2015

11 j'aime

1

Du même critique

La Tempête des échos
Noudj
3

Un non-sens

Les trois premiers livres étaient plutôt agréables à lire et sans torture inutile de l'esprit. Le quatrième opus est malheureusement un raté. Le monde et ses ficelles sous-jacentes développé par...

le 8 nov. 2020

5 j'aime

Le Deuxième Sexe, I
Noudj
8

Meilleurs extraits

Hegel l'a montré "le sujet ne se pose qu'en s'opposant : il prétend s'affirmer comme l'essentiel et constituer l'autre en inessentiel, en objet". Mais les rapports de force s'inversent toujours :...

le 30 déc. 2017

3 j'aime

Réinventer l'amour
Noudj
9

Mona Chollet met les mots sur les maux

Dans la droite lignée de Simone de Beauvoir et bell hooks, Mona Chollet écrit ici les difficultés inhérentes au couple hétérosexuel qui empêchent d'atteindre un équilibre équitable. Elle parle...

le 10 janv. 2022

2 j'aime