J'en avais très souvent entendu parler, il est souvent évoqué par des politiques et des dirigeants. Ce livre est vu comme une inspiration pour les gouvernants. Son auteur a donné l’adjectif
« machiavélique », ayant pris un sens négatif à rapprocher de sournois, pernicieux. A partir de ce que j’ai pu comprendre du livre, je poserais plutôt que « machiavélique » se rapproche du sens de pragmatique, n’ayant donc aucune considération morale mais seulement pratique.
En effet toute action venant du Prince est bonne tant qu’elle permet de conserver son pouvoir, dût-il éliminer la race des dirigeants de la cité nouvellement conquise. Il n’y a pas à faire de considération morale sur les actions du Prince, car il œuvre pour conserver son pouvoir, son Etat.
Je ne jugerais pas des enseignements fondamentaux que ce livre apporte, n’étant ni Prince ni Laurent Le Magnifique, je ne peux dire si ses conseils sont avisés ou ruineux. Néanmoins, je dirais que ce livre donne de très bon enseignement sur la période historique du début du XVIe siècle dans la péninsule italique. La menace des armées étrangères en terre d’Italie est évoquée, on parle de Louis XII, François Ier, Charles Quint, les gardes suisses, les Borgia, les Sforza. Machiavel nous montre qu’il existait déjà, trois siècles avant l’unification de la péninsule, un sentiment national italien, car il s’attriste de la division de son pays et dans le dernier chapitre appelle Laurent de Médicis à libérer l’Italie.
L’époque a laquelle le livre a été écrit correspond aux guerres d’Italie menées par les Rois de France, qui sont des personnages très présents. L’organisation des Armées et des Institutions du Royaume de France le sont aussi. Cette période est emblématique de la Renaissance et l’humanisme qui apparaît, en est une émanation.
D’ailleurs, avant de lire ce livre je me suis renseigné sur Machiavel pour en apprendre un peu plus sur lui et notamment sur son école de pensée. « Humaniste » c’est le premier terme qui est apparu, je peux comprendre cette étiquette aux vues des références utilisées : Pyrrhus, Marc Aurèle, Alexandre… mais cela s’arrête là. On découvre au fil de ce livre un homme jugeant la faillibilité des autres et connaissant leurs faiblesses parfaitement ou alors je n'ai pas compris le terme d'Humaniste. Je prends pour exemple cette citation révélatrice de sa pensée :
On oublie plus facilement la mort de son père que la perte de sa succession
Je perçois Machiavel comme quelqu’un de calculateur qui a conscience que l’humain est ce qu’il est, faible et corruptible. Et il propose d’utiliser cette nature pour mieux gouverner les hommes. Il propose de récompenser les personnes ayant de bonnes actions pour les encourager dans cette voie. Et concernant le peuple, il est bon d’organiser des fêtes pour le divertir, de mettre à l’honneur les peuplades locales et de résider parmi lui pour le tenir tranquille.
Je conseille la lecture de ce livre qui a, à mes yeux, la faiblesse d’être trop court. Les enseignements, très bien illustrés manque peut-être de développement. Même si on peut être admiratif de cette démarche de présentation presque scientifique avec un postulat théorique et son apport pratique. On peut en tirer à la fois des enseignements politiques ou du moins la manière dont la politique était envisagée à l’époque, mais on en dégage aussi une impression historique. Un homme voyant son pays disloqué en principauté à la merci de Rois étrangers.
La fin du dernier et vingt-sixième chapitre m’a particulièrement marqué :
Ne laissons donc point échapper l’occasion présente. Que l’Italie, après une si longue attente, voie enfin paraître son libérateur ! Je ne puis trouver de termes pour exprimer avec quel amour, avec quelle soif de vengeance, avec quelle fidélité inébranlable, avec quelle vénération et quelles larmes de joie il serait reçu dans toutes les provinces qui ont tant souffert de ces inondations d’étrangers ! Quelles portes pourraient rester fermées devant lui ? Quels peuples refuseraient de lui obéir ? Quelle jalousie s’opposerait à ses succès ? Quel Italien ne l’entourerait de ses respects ? Y a-t-il quelqu’un dont la domination des barbares ne fasse bondir le cœur ?
Que votre illustre maison prenne donc sur elle ce noble fardeau avec ce courage et cet espoir du succès qu’inspire une entreprise juste et légitime ; que, sous sa bannière, la commune patrie ressaisisse son ancienne splendeur, et que, sous ses auspices, ces vers de Pétrarque puissent enfin se vérifier !
Vaillance contre fureur
Prendra les armes ; et le combat sera bref :
Car l’antique valeur
Dans les cœurs italiques n’est pas encore morte