L’on retiendra de Charles Maurras plusieurs choses, sa force politique du nom de l’Action Française, la revue du même nom et sa doctrine, le nationalisme intégral. Personnellement ce que je vois dans ce livre c’est une sorte de conclusion de 40 ans de combat politique, c’est une mise sur le papier de nombreuses idées déjà distillées dans la plupart de ses écrits, que ce soit sous la forme d’articles, d’essais ou de livres.
Maurras s’attarde énormément sur la manière dont les libéraux conçoivent la société et combat cette idée. En effet, la société n’a pu se former sur des contrats puisque cela suppose une préexistence de l’homme par rapport à la société. Or, aujourd’hui nous voyons que la société existe avant et après notre passage sur cette Terre. De plus nous n’avons aucune preuve formelle que cela se soit passé de cette manière, il n’y a pas de trace de contrat préhistorique, archaïque, prouvant cette théorie.
La société est pour Maurras un rassemblement naturel, il s’attache beaucoup à l’amitié que l’on peut rapprocher de l’amitié au sens aristotélicien c’est-à-dire des personnes bienveillantes pour leur prochain avec des relations basées sur la confiance. Et ceci n’est permit que grâce au fait que l’on connaisse son prochain. Bien entendu il est pour un retour des corporations, des institutions en dehors de l’Etat comme les communes telles qu’elles existaient au moyen-âge. Et on comprend pourquoi certains Proudhoniens s’étaient rapprochés de l’action française puisque l’idée d’une fédération de commune devait leur être très appréciable. C’est d’ailleurs asse drôle de faire un rapprochement entre l’Etat libéral, avec seulement des missions régaliennes et celui que conçoit Maurras. Bien que ce dernier ne s’en remette pas au marché pour régler les échanges.
La démocratie a détruit tous les ordres et est partis du prétexte que tous les hommes étaient égaux ce qui est une aberration pour lui. En effet, elle donne du pouvoir au nombre, à la quantité. Elle a détruit notamment avec la Loi le Chapelier toutes possibilités à la personne de se réunir avec d’autres pour être plus forte face à l’Etat. La personne est devenu individu, seule avec ses volontés individuelles face à un Etat tout puissant et centralisateur. C’est aussi le régime de l’argent puisqu’il en faut beaucoup pour avoir des journaux, séduire les électeurs et les attirer.
Sur la critique du parlementarisme, nous pouvons voir que Maurras fut grandement choqué par la IIIème République où les gouvernements se succédaient. C’est pour cela qu’il était contre ce genre d’organisation, l’on ne pouvait pas selon lui construire quelque chose de durable. Les ministres préféraient séduire le parlement pour garder leur poste plutôt que de faire leur travail. Les présidents du conseil ne s’inquiétaient pas pour leur successeur et n’avaient pas intérêts à lui laisser un pays mieux en forme que celui qu’ils avaient reçu.
Il y a un développement intéressant sur les trois tendances du côté de la droite, tout d’abord nous avons les patriotes. Le patriotisme est une sorte de vénération de la terre des aïeux, de la terre de nos pères que l’on veut généralement protéger des étrangers. La plupart des patriotes sont attachés à la république parce qu’ils n’ont pas conscience du mal intrinsèque de ce régime. Ensuite viennent les nationalismes qui eux sont plus attachés non pas à la terre des pères mais aux pères, ils défendent tout ce qu’est la nation, c’est-à-dire un héritage de tradition, culturel, linguistique mais aussi matériel. Puis quand les nationalistes ont compris que la république n’était pas bonne et que la dictature pouvait être établie comme un régime héréditaire alors enfin ils passent au nationalisme intégral. Qui n’est qu’un autre mot pour désigner le Royalisme selon Maurras.
Ce que l’on peut dire c’est qu’il développe essentiellement son livre contre la conception contractualiste des libéraux, il s’attaque à la démocratie et à la république. On peut être déçu pour la partie sur la tradition qui n’est presque pas développée. De même qu’il faut attendre la toute fin du livre pour avoir un léger développement sur la monarchie. On peut émettre deux hypothèses, soit Maurras considère que son développement antérieur fait logiquement découler la monarchie, soit il considère que ses écrits précédents permettent de répondre à toutes questions sur ce sujet.
C’est en tout cas un livre doctrinal extrêmement intéressant avec une pensée qui marqua la droite française et s’exporta même en Amérique Latine.
Pour ses détracteurs, les quatre Etats confédérés qu’on oppose à tout défenseurs de Maurras ne sont cités qu’une seule fois et viennent de M. Henri Brisson président du conseil et ministre de l’intérieur en disant que les juifs, les protestants et les francs-maçons étaient l’ossature du régime républicain. Ce n’est donc pas lui qui a inventé cette idée et elle était acceptée comme vraie par les antidreyfusards de l’époque. Il ajouta à c’est trois Etats, les « métèques », comprendre les étrangers.
Il continua de rédiger des livres pendant les années 40 et le début des années 50 mais il me semble que celui-ci résume assez bien sa pensée sur la démocratie, la république, les libéraux et sur ce qu’a apporté la Révolution. Et il ne faut pas oublier l'empirisme organisateur. On peut résumer son idée de la monarchie à un régime traditionnel, héréditaire, antiparlementaire et décentralisé.