Wouch !
Je pensais mettre beaucoup de temps à le lire... Et puis hier soir, je suis "tombée dedans" et je l'ai fini ! Oo J'avoue qu'au début je me suis demandé où j'allais. L'histoire rebattue de...
le 4 mai 2017
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Premier tome de la saga Le Porteur de lumière par l'auteur américain Brent Weeks, Le Prisme Noir est un roman fortement empreint d'éléments de Fantasy - ce qui est normal puisque étant une œuvre de Fantasy - bien que l'on s'écarte de quelques incontournables clichés enclins au genre. Et malgré (ou plutôt grâce ; un peu de changement, de détachement, ce n'est pas si mal parfois) ces éléments nouveaux, qui apportent tout de même un brise de fraicheur, l'ouvrage demeure absolument passionnant, ce qui augure une saga dantesque et rafraichissante.
Au centre de sept satrapies vit en souverain Gavin Guile, le Prisme : l'homme qui peut tout créer à partir de toutes les couleurs. Au crépuscule d'une guerre fraternelle qui a changé la face du monde, une nouvelle jaillit jusqu'aux oreilles du Prisme. Une nouvelle qui va compliquer son existence et réveiller d'anciens secrets qui risquent d'exploser, anéantissant tout ce qu'il a accompli.
Pas plus de spoil ; en réalité si, alors faites attention.
Ce roman brille en partie par son originalité concernant sa Fantasy. Si, pour ce qui est de sa classification, il appartient au genre de la Fantasy Épique (genre le plus banal qui soit), il se permet d'apporter quelques nouveautés bienvenues, en apparence accessoires mais pas si inintéressantes si l'on accepte de examiner attentivement l’œuvre lue. Cette nouveauté, pas des moindres, est que la Fantasy présentée n'est pas médiévale, mais tire sa substance de la période dite Époque Moderne (l'intervalle 1492-1789 si l'on désire offrir une fourchette historique grossière), ce qui implique la présence de canons et autres couleuvrines, pistolets à mèche et à silex, mousquets... à l'image de l'univers de Warhammer. Sans compte le ton donné à l'univers : nous ne sommes pas uniquement projeté au sein d'une civilisation de type européenne mais perse, avec la mention de satrapies et satrapes, des domaines vestimentaires particuliers et des couleurs de peau (ce qui a tendance à être assez rare dans les œuvres de Fantasy) faisant penser aux contrées orientales et africaines. Et déjà, avec ces éléments, l'auteur balaye un bon tiers des règles de Fantasy classique. Cependant, ce n'était clairement pas suffisant pour Brent Weeks qui innove également dans le domaine de la magie. Ici, rien en lien avec la magie d'un Harry Potter, d'un Héritage ou d'un Seigneur des Anneaux : ici, tout tourne autour de la lumière et par conséquent, autour des couleurs. Et c'est présenté avec une telle minutie, un tel souci du détail que le principe (si l'on peut buter sur de nombreux termes dès cette première lecture) en devient rapidement limpide et fascinant, offrant une vision magique encore jamais démontrée dans une œuvre de Fantasy ; et le plus admirable, c'est que le scientifique (l'usage du spectre électromagnétique, la mention des longueurs d'onde...) dessert parfaitement le "fantastique".
Mais reprenons la critique de manière construite, comme à mon habitude.
En ce qui concerne l'histoire. On ne va pas se le cacher, quand bien même les nouveautés fusent, il est assez compliqué d'entrer de manière limpide dans l'histoire. A l'instar d'autres œuvres complexes du même genre ; Le Seigneur des Anneaux ou Les Annales de la Compagnie noire pour ne citer que celles qui me sont éloquentes ; Le Porteur de lumière ne déroge pas à la règle : plonger dans l'univers est très dur, d'autant que nous n'avons pas toutes les notions clés liées à la chromaturgie (la magie des lumières) à portée de main, en plus d'être plongé dans une histoire en cours de développement. Tout est à apprendre en compagnie des héros les moins connaisseurs en la matière. Si il est agréable de découvrir petit à petit ce monde, force est de constater que la complexité de l’œuvre reste un facteur d'abandon non négligeable et tout à fait compréhensible. D'autant que, une fois passé cette difficulté, on arrive à un autre problème délicieux : les retournements de situation. Ils sont magistraux, apportent le dynamisme qu'il faut à l'intrigue mais là encore, ils perdent le lecteur, sachant que l'auteur semble s'en amuser, comme le prouve de nombreux passages (que l'on abordera dans la partie spoiler). En toute franchise, ce sont les premiers pas qui seront difficiles et dès lors que l'on survit à l'immersion, Brent Weeks nous offre une histoire palpitante qui ne manque pas d'humour et de situations cocasses ; l'auteur ayant un certain attrait pour décrire le corps et ce qui fait le charme des hommes et femmes, sans compter le type de langage qui sera - dans une moindre mesure ; je n'ai guère de connaissances littéraires solides pour affirmer cela - sans rappeler la liberté de parole de Louis-Ferdinand "Céline" (plus dans la franchise des termes que dans les propos courants/familiers, même si...). Le tout sans perdre l'aspect épique que l'on reconnait aux œuvres du genre.
De ce fait, l'histoire est intéressante et efficace, d'autant que le style de Brent Weeks et sa narration - offrant des doubles déroulés de pensée amusante - donne un cachet admirable au résultat proposé.
Pour les personnages !
Un large spectre (clin d’œil) nous ait offert et chaque personnage un tant soit peu développé nous séduit d'un charisme évident. En commençant par Gavin Guile, le grand Prisme qui possède, malgré les responsabilités qui croulent sur ses épaules, une personnalité presque enfantine, une forme d'insouciance qui donne une tonalité légère sans pour autant effacer les profondeurs, parfois sombres, du protagoniste. Une personnalité qui contraste avec celle de son frère Dazen Guile, reconnu comme un antagoniste froid et cruel, à la limite de la folie. Nous accueillons, en deuxième protagoniste de grande importance, Kip, un jeune garçon grassouillet qui se découvre des faculté pour la chromaturgie et qui dénote complètement de Gavin Guile. Jamais, de toute ma vie de lecteur (et elle est longue et n'est pas encore finie), je n'ai eu le "plaisir" de découvrir un personnage aussi impitoyable avec lui-même. Peut-être est-ce un moyen de le faire évoluer au fil des cinq tomes prévus mais mon dieu ! Il passe son temps à se rabaisser au point où cela en devient juste lassant, presque pathétique ; ce qui serait paradoxale si la volonté primaire était de nous rendre empathique vis-à-vis de ce dernier. Mis à part cette tendance dévalorisante à son égard, force est de constater que Kip possède de nombreux moments sympathiques, ne demande qu'à prendre son envol.
Pour poursuivre avec les personnages impactants, nous pouvons citer Karris, l'amante de Gavin avec son tempérament bien trempé ; Poing-de-Fer, membre de la garde personnelle de Gavin ; et, avec une mention spéciale, Liv, une étudiant à la Chromerie (endroit où l'on étudie la chromaturgie ; je sais, c'est compliqué) qui ne manque pas de personnalité.
Et dans l'ensemble, qu'ils soient primaires ou tertiaires, héros, adjuvants ou antagonistes, les divers personnages sont un des points forts, si ce n'est le meilleur, de l’œuvre de Brent Weeks, même si...
Attention, spoil !
On apprend dans ce premier tome qu'une guerre a éclaté entre les frère Gavin et Dazen et que le vainqueur fut Gavin et Dazen fut emprisonné par son frère. Du moins, ceci est l'histoire que tout le monde retient et croit : le lecteur apprend que Dazen a pris la place de Gavin et dès lors, ce sont tous nos a priori qui sont bouleversés ! En plus du génie de l'auteur de nous faire aimer un antagoniste reconnu des sept satrapies et nous faire "détester" un héros également reconnu, il nous embrouille d'une manière tout aussi magistrale et n'hésite pas, comme déclaré précédemment, à jouer de cette permutation en employant le nom de Gavin pour parler de Dazen et vice-versa, quand il ne laisse pas le lecteur tenter de recoller les morceaux. Et le pire dans l'histoire, c'est que certains personnages se rendent compte de la supercherie sans pour autant affirmer ou non qu'ils sont sûrs de leur coup. Ce qui, inévitablement, noie encore plus le lecteur, qui a déjà énormément de mal à suivre avec les noms des satrapies, ce que sont les polychromes, les spirites et autres membres du Spectre. Si on ne peut pas retirer à l'auteur son génie dans la conception des personnages, force est de constater que pour un premier tome, proposer un tel retournement de cerveau amène inévitablement à une surchauffe de quelques neurones.
Outre ces éléments complexes qui faut réussir à surpasser à récolter toute la superbe de l’œuvre - et qui sont la cause, j'en suis convaincu, de l'abandon de certains lecteurs, Le Prisme Noir est un excellent roman de Fantasy, sachant parfaitement jouer sur les codes du genre et proposer une histoire inédite sans pour autant oublier ses racines. Une volonté de précision et de détail ainsi que des personnages hauts en couleur font de ce roman une vive recommandation de ma part. Pour le ton donné, pour l'humour dévoilé, pour les personnages déjantés et attachants ainsi que la forme de renouveau proposée, la saga du Porteur de lumière semble prête à présenter une aventure que l'on ne pourra pas oublier.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !
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Créée
le 16 juin 2021
Critique lue 479 fois
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