Un livre beau, douloureux, essentiel
Un livre beau, douloureux, essentiel, qui parle de théâtre, de tragédie, et de la guerre civile au Liban dans les années 1980.
Pour honorer une promesse faite, Georges accepte de donner vie au rêve de son ami Samuel (qui va mourir d’un cancer). Ce rêve que nourrit Samuel : c’est de jouer Antigone d’Anouilh au Liban avec des acteurs provenant des différentes communautés ennemies.
Mais Georges, le metteur en scène, dès son arrivée au Liban se sent tout à fait hors de propos. Il se sent absolument incapable de relever le défi. D’autre part il doit faire face aux critiques. Comment un français peut-il avoir la prétention de comprendre quelque chose à ce qui se passe au Liban ? Comment peut-il vouloir changer quoi que ce soit ? Georges est tenté de baisser les bras, face à ces critiques et face aux immenses obstacles qu’il doit surmonter pour traverser les territoires et organiser des rencontres entre les acteurs. Mais au fur et à mesure des rencontres avec les acteurs, il prend conscience à quel point ce rêve mérite qu’on le défende et qu’on veuille lui donner corps. Les rencontres de cette troupe insolite donnent lieu à des dialogues d’une rare émotion.
Mais, ce n’est pas un livre angélique sur la possibilité de lutter contre la guerre par le théâtre, en faisant jouer au sein d’une même pièce des acteurs provenant de différentes communautés ennemies. Tout ce que souhaite l’initiateur de ce projet est une petite trêve de rien du tout : un symbole.
Ce livre est une plongée dans un monde en guerre : bâtiments en ruine, tireurs embusqués, angoisse du contrôle d’identité, humiliations, coups de feu et sacs de sable : la mort n’est jamais loin.
Cette aventure que vit George au Liban l’éloigne à tout jamais de ses préoccupations d’avant. Ses retours en France sont marqués par une prise de distance croissante avec sa femme et sa fille. Ce qu’il a vu et vécu dans le Liban en Guerre l’a marqué à jamais et reprendre le cours de sa vie est impossible. Il a vu de ses yeux Chatila juste après le massacre, cela l’a projeté dans le conflit et lui, le pacifiste, aura besoin de tuer pour se venger.