Le pire, c'est qu'on en a pas plus à foutre qu'eux, à la base
Enormément de belles choses dans ce roman, plein de force et d'émotion. J'ai trouvé très belles les incrustations de poésies qui, c'est vrai, n'ont de sens et de vérité que dans un contexte bien précis. Le style de l'auteur est très agréable et très franc à la fois, bonne recette pour cette petite bombe de littérature et de colère contenue.
Généralement très insensible aux récits "de guerre" ou "d'idées" que je trouve spécialement pleurnichards, j'ai eu la surprise d'être happée dans celui-ci, peut-être parce qu'il est très peu complaisant par rapport à ceux qui veulent l'émotion pour l'émotion, sans s'attarder sur les spécificités de ce qu'ils décrient. Le plus émouvant ce n'est pas, à mon sens, le père qui a besoin de poésie pour vivre, ou l'adolescent qui apprend à admirer, c'est la narration du passage de l'indifférence profonde, celle du régime et de la politique, à la sensibilité.
J'aime que le protagoniste ne soit pas un héros, rien qu'un péquenaud qui ne comprend rien des enjeux, et qui se fout des idéologies. J'ai souffert de la place qu'il occupait, de son attente qui me parlait.
Néanmoins, le livre a un sacré nombre de soucis. L'introduction longue, pleurnicharde, qui déforce, la fin bâclée, rapide sans explication, sans vraiment de cohérence mais qui justifie cette introduction, je suppose? Enfin, ça reste un "bon" moment de lecture, très émouvant et un peu inconfortable quand on se sent comme moi, vachement déconnectés de tout ça.